Publié le 11 déc 2012Lecture 5 min
Angioplastie et IDM en 2012 - Des progrès substantiels à faire chez la femme
M.-C. MORICE, Hôpital Privé Jacques Cartier, Massy
Bien que les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité en Europe, la baisse des délais d’intervention et la mise en œuvre de stratégies thérapeutiques de plus en plus efficaces aboutissant à une reperfusion précoce contribuent à une régression constante de la mortalité globale liée à l’infarctus du myocarde (IDM).
On assiste également à une diminution régulière de la fréquence des IDM en France qui peut s’expliquer par la rapidité et l’amélioration de la prise en charge des patients coronariens et la généralisation de la prévention.
Le registre FAST-MI 2010
L’analyse des données de ce registre récemment publiée(1) confirme, en effet, que la mortalité à 30 jours des patients présentant un IDM ST+ a été réduite de 68 % sur les 15 dernières années (1995 : 13,7 % ; 2010 : 4,4 %). Les auteurs soulignent également les modifications substantielles du profil de risque des patients et notamment des femmes de moins de 60 ans, comme nous le verrons plus bas.
L’amélioration de la survie des patients est attribuée à une meilleure prise en charge de l’infarctus, à la mise en place plus fréquente de stratégies de reperfusion performantes et, notamment, à la possibilité de transférer directement les patients dans une unité de cardiologie interventionnelle en évitant le passage aux urgences afin de les traiter dans un délai le plus court possible par angioplastie primaire avec, idéalement, stenting direct et thrombo-aspiration.
Le bénéfice de la vie radiale
Mentionnons au passage le rôle bénéfique de l’utilisation de cette voie d’abord qui n’est plus à démontrer en particulier pour les patients à IDM ST + chez lesquels l’angioplastie primaire par voie radiale est associée à une diminution des critères primaires et secondaires et de la mortalité, ainsi qu’en témoignent les résultats obtenus par S. Mehta et coll. chez 1 958 patients(2).
Cependant, bien qu’on ne puisse que se féliciter des progrès réalisés ces 10 dernières années, un long chemin reste encore à parcourir en France selon les conclusions de l’observatoire Stent for Life(3).
Pour mémoire, la finalité du projet Stent for Life, dont l’initiative revient à l’EAPCI, est de réduire les inégalités d’accès à la reperfusion par angioplastie primaire de l’IDM ST+. Pour cela, un bilan de la prise en charge de l’IDM en Europe a été dressé afin d’identifier les modalités les plus performantes et d’en généraliser la mise en œuvre.
La France, l’un des 6 pays pilotes sélectionnés dans le cadre de ce projet, figure parmi les pays « qui peuvent encore mieux faire » en matière de gestion de l’IDM. En effet, les données du registre mis en place dans 5 départements français(3) font ressortir que le taux d’angioplastie primaire a, certes, pratiquement doublé depuis 2005 pour atteindre les 64 %, mais qu’il reste en deçà des taux relevés dans d’autres pays européens comme la République tchèque, la Pologne, le Danemark et la Hollande(4).
Une autre donnée préoccupante qui ressort de l’étude française est que l’appel du 15 est loin d’être systématique puisqu’il stagne à 50 % depuis plusieurs années.
En outre, les patients laissent encore passer trop de temps entre le début de leurs symptômes et l’appel des secours, ce qui diminue leurs chances de bénéficier d’une reperfusion précoce souvent salvatrice.
Améliorer la prise en charge chez la femme
L’autre domaine dans lequel de substantiels progrès sont à réaliser est l’accès au diagnostic et au traitement des femmes(5).
On l’a dit et répété, la parité homme-femme en matière de prise en charge de la maladie coronarienne est loin d’être atteinte puisque les femmes souffrant d’un syndrome coronaire aigu ont une mortalité hospitalière et à long terme plus élevée que les hommes.
Les principales raisons de ces disparités résident non seulement dans la méconnaissance qu’ont en général les femmes de leurs facteurs de risque et de la signification de leurs symptômes souvent atypiques, mais également dans la sous-estimation du risque cardiovasculaire des femmes par les médecins eux-mêmes, qui aboutit à des diagnostics trop tardifs et à une inégalité d’accès aux traitements médicaux et invasifs efficaces, par rapport aux hommes.
De plus, l’analyse du registre FAST-MI(1) a clairement mis au jour le pourcentage croissant de femmes jeunes parmi les patients présentant un IDM ST+, les causes invoquées étant l’accroissement du tabagisme et, dans une moindre mesure, de l’obésité, observé chez les femmes de moins de 60 ans. Les auteurs soulignent la nécessaire mise en place de mesures de sensibilisation et de prévention auprès de cette population exposée.
À l’échelle internationale, un partenariat dynamique a été mis sur pied en février 2012 entre Women in Innovations, initiative américaine de la SCAI, et le programme européen Stent for Life. Ce rapprochement a pour but d’intensifier les campagnes d’information et les actions visant à renforcer la prise de conscience des insuffisances qui caractérisent encore l’accès des femmes aux soins cardiovasculaires et d’en faire sauter les verrous.
Il apparaît donc crucial d’intensifier les campagnes d’information afin de sensibiliser un public trop souvent ignorant de la gravité potentielle de ses symptômes et des ressources qui sont à sa portée.
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