Infirmier en pratique avancée et rythmologie

Le métier d’IPA étant récent en France, il n’existe donc pas de référentiel pour la rythmologie. Ses champs de compétences reconnus par décret lui permettent de réaliser un ECG et non de l’interpréter, mais pas de contrôler les dispositifs implantables en rythmologie sans DU. Ainsi, son rôle est surtout basé sur une prise en charge globale des patients avec maladies chroniques comme l’insuffisance cardiaque ou la maladie coronaire, comprenant : l’évaluation clinique, médicosociale, la surveillance thérapeutique, le dépistage et la prévention des facteurs de risque, le renouvellement et l’adaptation des traitements, la coordination, ainsi que de l’éducation thérapeutique (ETP). Néanmoins, il pourrait intervenir à 4 niveaux dans le domaine de la rythmologie. • Le suivi des maladies chroniques comme la fibrillation auriculaire, assuré habituellement par le cardiologue en cabinet de ville ou en établissement. Lors de ces consultations de 45 à 60 minutes, l’IPA procède à l’évaluation clinique (interrogatoire, examen physique) et paraclinique des patients, il réévalue les facteurs de risques cardiovasculaires ou de FA ainsi que leur contrôle. En fonction de tous ces éléments et de sa conclusion clinique, il peut renouveler ou adapter les thérapeutiques, proposer des séances d’éducation à la santé, programmer les suivis, ainsi que réorienter si besoin le patient au cardiologue. • La suspicion de décompensation d’un patient chronique. À partir du moment où l’IPA connait le patient, il peut le voir en première ligne de façon autonome. Dans les situations où l’IPA constate une modification ou une dégradation de l’état clinique du patient, le cardiologue est alerté pour participer à la prise en charge. • Rôle au sein de l’hôpital de jour (HDJ). Pour exemple, une HDJ avant ablation de FA pourrait comprendre une prise de sang et/ou un scanner, des consultations avec l’anesthésiste, le rythmologue ainsi que l’IPA (dont l’entretien permettrait d’expliquer au patient les examens, de s’assurer du bon contrôle des comorbidités). Dans le cas de patients non stables ou dépistés pré-fragiles ou fragiles, il pourrait soit adapter le traitement soit le réorienter vers d’autres professionnels pour préparer et prévenir une hospitalisation plus complexe. Son rôle est donc de fluidifier le parcours en amont, pendant et après une intervention du rythmologue. • La télémédecine. L’IPA joue un rôle pivot entre le patient et le rythmologue. Grâce à la télésurveillance, il peut classer les alertes, supprimer les artéfacts et les tracés non pertinents, transmettre les enregistrements douteux ou pathologiques au cardiologue. Ensuite, il appellera le patient pour le rassurer, permettre une meilleure observance, adapter les thérapeutiques, faire de l’ETP en distanciel, prévoir une téléconsultation avec lui ou le cardiologue ou adresser le patient à un autre médecin. Son rôle est donc plus large que le « technicien » de télésurveillance puisqu’il peut interagir à plusieurs niveaux avec le patient. Même si la pratique avancée peut faire peur, puisqu’ elle gagne de l’autonomie sur la pratique médicale, elle est une des réponses au défi d’aujourd’hui et de demain. La baisse du nombre de cardiologues et l’augmentation des maladies cardiovasculaires nous impose de trouver des solutions. C’est au rythmologue de chercher le profil le plus complémentaire à son exercice : assistant médical, infirmière de protocole de coopération, technicien et IPA avec sa vision holistique. Pas de conflits d’intérêts