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Focus

Publié le 15 juin 2021Lecture 5 min

Quels outils de radioprotection en pratique rythmologique ?

Walid AMARA, Montfermeil

Les rayons X sont dits « ionisants », c’est-à-dire que leur énergie est suffisante pour arracher des électrons à certaines molécules dans notre corps en particulier l’eau et l’ADN, et ainsi peuvent être responsables de différents effets délétères, notamment de morts cellulaires (y compris au niveau la peau) et de cancers.

Dangers des rayonnements ionisants Les rayons X sont dits « ionisants », c’est-à-dire que leur énergie est suffisante pour arracher des électrons à certaines molécules dans notre corps en particulier l’eau et l’ADN, et ainsi peuvent être responsables de différents effets délétères, notamment de morts cellulaires (y compris au niveau la peau) et de cancers. Effets déterministes Ils apparaissent à partir d’une dose seuil dans un délai court (quelques heures à quelques semaines) et sont dus à la mort d’un grand nombre de cellules. Leur gravité augmente avec la dose. Chez les professionnels on peut observer ces effets au bout de plusieurs années à faibles doses (radiodermite des mains, cataracte, etc.). Ces effets sont particulièrement impo tants sur l’embryon et le fœtus en cas d’exposition chez la femme enceinte. Effets stochastiques Ils apparaissent de façon non certaine et sans seuil de dose identifié. Ils sont dus à la mutation d’une cellule par altération de l’ADN. Leur probabilité d’apparition augmente avec la dose. En clair, moins je suis exposé(e) moins j’ai de risque de contracter un cancer dans 20 ans. Les organes possèdent une sensibilité différente aux RX. Les cellules qui se divisent le plus sont les plus radiosensibles : leur probabilité de développer un cancer radio-induit est plus importante. Pour tenir compte de cette disparité, il a été établi un barème de radiosensibilité où chaque organe se voit affecter d’un coefficient de pondération. Comment optimiser sa radioprotection ? La radioprotection représente l’ensemble des règles, procédures et moyens visant à empêcher ou à réduire les effets nocifs des rayonnements ionisants (rayons X) produits sur les personnes, directement ou indirectement. Nombre de mesures permettent en routine de nous protéger au quotidien. Amplificateur de brillance La source d’irradiation est l’appareil de radioscopie. La qualité actuelle des amplificateurs de brillance a permis de réduire l’irradiation. Je vous incite à rencontrer les ingénieurs afin de mettre en place des réglages spécifiques à votre activité et afin de trouver celui permettant de réduire l’irradiation. Par ailleurs, il ne faut pas oublier d’identifier la source du rayonnement qui est l’émetteur ou tube à rayon X. Celui-ci doit toujours être positionné en bas, avec le récepteur situé en haut (figure 1). Figure 1. Amplificateur de brillance avec le capteur plan en haut et le tube à rayon X en bas. Collimater l’image afin de réduire les zones inutiles. Plus le capteur est grand (30 vs 20 cm), et plus il sera important de le faire. Éviter les obstacles aux rayons X qui peuvent apparaître sur l’image, tels que les bords métalliques de la table ou les câbles ECG de l’anesthésiste ou de la baie d’électrophysiologie lorsqu’ils ne pas radio-transparents. En effet, l’irradiation est liée à la diffusion du rayonnement au travers du corps du patient et des obstacles qu’il rencontre, c’est l’effet Compton : les RX interagissent avec la matière (le patient) qui réémet des RX dans toutes les directions, toute la salle se trouvant ainsi balayée par les RX. Réduire la dose et le nombre d’images par seconde (ex. : 2 images/s suffisent en cas de pose de stimulateur, 7 images/s en cas de transseptal). Réduire la distance entre le récepteur et la peau du patient afin de réduire le diffusé. Il faut aussi que l’opérateur s’éloigne le plus possible de la source, ce qui est plus aisé en électrophysiologie qu’en stimulation cardiaque. En électrophysiologie, les systèmes de cartographie permettent de réduire l’irradiation et dans certains cas de faire des procédures sans rayons X. Écrans Ils comportent les tabliers, paravents fixes et mobiles, protections plombées. Ils absorbent le rayonnement à notre place (comme le parasol à la plage). Attention, ils n’absorbent pas la totalité du rayonnement. Les protections collectives comprennent les écrans mobiles en verre plombé (figure 2), les bas-volets en plomb (figure 3) et des écrans mobiles à 2 mm de plomb (figure 4). Figure 2. Écran mobile en plomb. Figure 3. Bas-volet en plomb. Figure 4. Écrans mobiles. Tabliers plombés Ils sont souvent constitués de 0,5 mm de plomb en avant et 0,25 mm en arrière : 0,5 mm Pb abaisse la dose de 98 %, 0,35 mm Pb de 90 % et 0,25 mm Pb de 85 %. Attention donc à rester face au patient et à bien ranger vos tabliers après usage afin de ne pas altérer les plaques de plomb. Gants plombés Les gants plombés ont peu d’intérêt en arithmologie, car s’ils protègent, ils sont très rigides. Protège-thyroïde Il abaisse la dose d’au moins 84 % et couvre aussi la partie supérieure de l’œsophage. Lunettes plombées Elles sont recommandées pour l’opérateur afin de prévenir les cataractes radio-induites. Cage Il existe 2 modèles de cages : la Zero GravityTM (figure 5) avec un tablier de 2 mm Pb qui peut être fixé sur une potence ou au plafond de la salle, et la cage Lemer Pax qui est en verre plombé (figure 6). Figure 5. Cage Zero GravityTM (Biotronik). Figure 6. Cage Lemer Pax. Quelle surveillance ? Il y a deux types de dosimètres : les passifs, souvent utilisés de manière men- suelle, et les actifs, électroniques. Il y a un intérêt particulier à mettre son dosimètre actif, car c’est une occasion d’apprentissage : il y a souvent un écran sur la borne dosimétrique permettant de visualiser la dose reçue et donc de mieux identifier les erreurs potentielles lors de sa journée de travail. Le suivi doit aussi inclure l’irradiation reçue par les mains et les cristallins mesurés par un dosimètre bague et par un dosimètre de cristallin. Le suivi médical de toute personne classée A ou B comprend une visite médicale annuelle ou tous les 2 ans, avec remise des résultats annuels de dosimétrie lors de la visite. Des examens spécifiques peuvent être demandés par le médecin du travail (ex. : numération, radio des poumons, ophtalmo, etc.). Une carte de suivi médical doit être délivrée par le médecin du travail ou peut être conservée par celui-ci. En conclusion ▫ Divers éléments affectent l’irradiation notamment les réglages de l’amplificateur, la distance de la source par rapport au patient et à l’opérateur, et l’utilisation de protections. Pour rappel, il existe deux formations en radioprotection obligatoires afin de parfaire et maintenir ses connaissances, à renouveler régulièrement.

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