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Paramédical

Publié le 30 nov 2008Lecture 8 min

Fibre optique : du nouveau dans la contre-pulsion par ballonnet intra-aortique

H. FALTOT, Hôpital Albert Schweitzer, Colmar

Élaborée dans son principe par Kantrowitz et Moulopoulos en 1967, la première pompe de contre-pulsion intra-aortique (AVCO model 7) a été commercialisée en 1969 aux États-Unis. L’évolution du système, aussi bien des consoles que des cathéters, a permis le passage de la voie chirurgicale à la voie percutanée au début des années 1980.  

Par définition, la contre-pulsion par ballonnet intra-aortique (CPBIA) est un dispositif temporaire d’assistance circulatoire cardiaque conçu pour augmenter la perfusion coronaire et diminuer la consommation en O2 du myocarde notamment dans le choc cardiogénique post-infarctus.  Le principe  Le système est composé d’un ballon monté sur un cathéter introduit par voie fémorale. Le ballonnet, de volume variable, est choisi en fonction de la taille du patient et relié à une pompe. Il est gonflé à l’hélium et positionné dans l’aorte thoracique descendante.  Le mécanisme d’action repose sur l’inflation et la déflation en alternance du ballonnet :  - l’inflation se fait au moment de la diastole, provoquant un reflux de sang dans les coronaires et donc une meilleure oxygénation du myocarde ;  - la déflation, au moment de la systole, crée une véritable dépression dans l’aorte qui facilite alors l’éjection, soulageant ainsi le travail du cœur tout en augmentant le débit. Indications et contre-indications  Au fil des années, les indications se sont élargies et cette technique a pris une place primordiale en salle de cardiologie interventionnelle. Si la principale indication est celle du choc cardiogénique ischémique, la CPBIA est aussi préconisée pour limiter la taille de l’infarctus au stade aigu ou bien encore dans l’attente d’une chirurgie cardiaque lorsque le tronc commun est sévèrement atteint et le patient instable.  Les principales contre-indications sont l’insuffisance aortique, la dissection aortique et la maladie athéromateuse sévère (anévrisme de l’aorte abdominale, tortuosités, etc.).  Le rôle primordial du paramédical La mise en place de ce ballonnet en salle de coronarographie, du fait de l’évolution du matériel, est devenue relativement simple. Mais ce geste n’est pas toujours si aisé car il est réalisé la plupart du temps en urgence ou la nuit, lorsque l’équipe paramédicale se retrouve seule, avec le médecin habillé en stérile et attendant le matériel. C’est donc à l’équipe paramédicale de gérer le stress en salle alors que l’état du patient se dégrade, de sortir au plus vite la pompe, brancher les électrodes, mettre en route la console, poser une tête de pression et brancher le capteur, ouvrir le pack, faire le zéro, flusher la colonne de sérum hépariné, brancher la voie artérielle, vérifier le bon signal de la courbe d’ECG et de pression et, enfin, brancher la voie gazeuse et lancer le système.  Plus que jamais, le succès de cette mise en place va dépendre de la spécialisation des centres, avec des équipes dédiées et appelées à prendre en charge la pathologie cardiovasculaire.    Cependant, n’oublions pas que comme pour tout geste invasif, elle comporte des complications vasculaires (ischémie de membre inférieur, dissection aortique lors de la montée du cathéter), hémorragiques (notamment au point de ponction) ou infectieuses (figure 1).  Rappelons qu’en cas de reflux de sang dans le circuit de l’hélium par rupture du ballonnet, il faut impérativement stopper la pompe, clamper la voie artérielle et enlever au plus vite le ballonnet de contre-pulsion.  Tout comme il ne faut jamais relancer la pompe, il ne faut jamais laisser un ballon de contre-pulsion dans une aorte au-delà de 30 minutes d’interruption de l’assistance, le risque de thrombose devenant important avec des complications majeures.    Figure 1. Hématome au point de ponction fémoral. La surveillance du patient  Au retour de la salle de coronarographie, le personnel infirmier devra surveiller les paramètres habituels du patient : PA, FC, saturation en O2, point de ponction (aspect, hématome, etc.), coloration et chaleur des membres inférieurs, pouls radiaux gauche et droit (l’absence de pouls radiaux gauche peut signifier un positionnement trop haut du ballon), diurèse (une anurie brutale peut signifier un positionnement trop bas du ballon en regard des artères rénales), douleur abdominale (suspicion de dissection aortique traumatique ou d’infarctus mésentérique) et problèmes liés au décubitus.  La voie artérielle sera flushée toutes les heures et alimentée avec une poche de pression héparinée réglée pour un flush continu de 3 cc/h. Il faudra aussi surveiller la courbe de pression (sur l’écran de la console) qui permet de contrôler l’efficacité de la technique, qu’il n’y ait pas de coudure sur la voie gazeuse et avoir connaissance du niveau d’hélium restant (figure 2).  Quand au patient, il sera bien sûr informé, rassuré et prévenu de l’abord fémoral. En l’absence de contre-indication médicale, il n’y aura plus lieu de le laisser en décubitus strict (position semi-assise à 30°).    Figure 2. Les différents paramètres de l’écran de console :– courbe d’ECG,– courbe de pression,– courbe d’inflation et déflation du ballonnet,– constantes,– niveau d’hélium,– valeur de la diastolique augmentée (idéalement 10 mmHg au-dessus de la valeur de la pression systolique du patient sur un cycle non assisté). La technologie de la fibre optique  Les dernières grandes nouveautés dans le domaine de la CPBIA sont la conception d’un capteur optique couplé à la nouvelle génération de cathéters et l’évolution informatique des logiciels qui vont très certainement amener une véritable innovation dans la mise en place et la facilité d’utilisation de ce système (figure 3).    Figure 3. Nouvelle génération de CPBIA avec capteur optique.     Le passage en 7F de ce nouveau cathéter va d’abord permettre de diminuer le taux de complications, notamment vasculaires (ischémie de membre inférieur et hématome). Sa nouvelle membrane affinée donnera plus de souplesse dans les accès vasculaires et une plus grande vitesse de gonflage et de dégonflage du ballonnet. Cependant, cela demandera plus de prudence de la part de l’opérateur car le risque de kinking lié à la finesse de la membrane du cathéter sera plus important. Pour rappel, la taille du guide pour monter ces nouveaux ballons passe de 0,025’’ à 0,018’’!  Le gain de temps acquis avec ce nouveau système présente aussi un atout fort intéressant car il est souvent mis en place dans des situations d’urgence, lorsque le temps est compté. Ce gain de temps est lié à plusieurs facteurs : la technologie même du capteur optique permet de recueillir une pression instantanée au bout du cathéter et d’assurer ainsi une meilleure définition de la courbe de pression. Le couple capteur optique-console va effectuer lui-même, in vivo, le zéro de référence pour la pression. À partir de là, il n’est plus utile de brancher une tête de pression, de la flusher et de réaliser le fameux zéro.  Enfin, s’il faut rappeler que l’ECG reste par défaut la source de déclenchement, les nouveaux logiciels permettent aussi une meilleure gestion des monitorings (fréquence cardiaque, arythmies, etc.). La recherche d’une meilleure dérivation avant de déclencher la pompe représente, là aussi, un gain de temps. Cathéter alimenté ou non ?  L’arrivée de cette nouvelle technologie devrait éviter la mise en place d’une poche de pression avec un flush continu (débit de 3 cc/h préconisé) de la voie artérielle. Soulignons qu’après avoir purgé le système avant sa mise en place, on fermera la voie artérielle avec un bouchon adapté et fourni avec le cathéter. On ne pourra donc plus envisager l’ablation du ballonnet par un système de fermeture car il faudrait repasser un guide 0,018’’ dans la voie artérielle et risquer d’emboliser un thrombus dans la circulation…  Pour les équipes qui ont l’habitude d’enlever leur CPBIA avec un système de fermeture, il est donc primordial de laisser une poche de pression qui alimentera la voie artérielle.  Conclusion Liée à l’évolution du matériel, aussi bien des ballonnets que des consoles, la contre-pulsion intra-aortique fait partie de l’arsenal du cardiologue en salle de cardiologie interventionnelle. Cependant, la pose de ce ballonnet présente des contre-indications, reste un geste invasif et entraîne des complications qu’il va falloir gérer aussi bien en salle de coronarographie qu’au retour du patient à l’unité de soins intensifs. Plus que jamais, le succès dépendra des centres et équipes entraînés à cette technique. Si l’arrivée de la technologie de la fibre optique au bout des cathéters de contre-pulsion intra-aortique ne change en rien les indications, elle améliore la rapidité de sa mise en place, le recueil en temps réel, la gestion des différents paramètres (variables hémodynamiques, mode de déclenchement/timing d’inflation et déflation du ballonnet, etc.) et la surveillance dans les unités de soins intensifs pour permettre, in fine, une meilleure prise en charge du patient.

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