Publié le 31 mai 2013Lecture 4 min
La cardiologie interventionnelle en « Gwada »
L. LARIFLA, CHU Pointe-à-Pitre, Guadeloupe
La beauté et l’immensité des eaux qui nous entourent expliquent l’attrait de notre région mais sont également le reflet de notre éloignement et par là même d’une méconnaissance de nos réalités quotidiennes. De fait, il est plus aisé (et sans doute plus plaisant) d’imaginer des vacances en « Gwada » (Guadeloupe) que de connaître la prise en charge des coronaropathies et l’organisation de la cardiologie interventionnelle de notre région. Ces quelques lignes m’offrent donc l’opportunité d’apporter un éclairage sur ce sujet.
Où sommes-nous ?
La Guadeloupe est un archipel situé dans l’arc des petites Antilles sur le continent américain. Les îles habitées sont la Grande-Terre et la Basse-Terre (reliées entre elles par un pont) et trois autres îles proches de plus petite taille (Marie-Galante, les Saintes et la Désirade) couvrant une superficie totale de 1 628 km2. Le territoire de santé de la Guadeloupe s’étend aux collectivités territoriales de Saint-Martin et Saint- Barthélemy situées plus au nord. Distante d’environ 7 000 km de la France métropolitaine, la Guadeloupe représente avec la Martinique (1 100 km2), située moins de 200 km plus au sud, les seuls départements français des Antilles.
Qui soignons-nous ?
La Guadeloupe compte environ 400 000 habitants. Il s’agit d’une population multiethnique composée en grande partie de sujets métissés de type Afro-caribéens, de descendants de migrants indiens et de sujets de type caucasien.
En Guadeloupe (comme en Martinique), la distribution des facteurs de risque cardiovasculaire dans la population générale est assez spécifique. On note notamment une prévalence élevée de l’hypertension artérielle (30 %), du diabète (8,1 % contre 4,4 % en métropole en 2009) et de l’obésité (23 % contre 14,5 % en métropole en 2009). À l’inverse, on compte peu de fumeurs réguliers (15 %). À cette répartition des facteurs de risque s’associe une distribution également spécifique des complications de l’athérothrombose.
En effet, comparées aux données nationales, il existe en Guadeloupe et en Martinique, dans les deux sexes, une sous-mortalité par cardiopathie ischémique de 40 à 50 % qui contraste avec une sur-mortalité par AVC de 50 à 60 %.
Les causes de cette distribution « déséquilibrée » des sites d’athérothrombose apparaissent peu claires au regard des équations de risque établies dans d’autres populations et sont des sujets de recherche pour nos équipes.
Parmi les autres pathologies fréquentes, on peut citer les cardiopathies dilatées (souvent non ischémiques) et les cardiopathies hypertrophiques. À noter que les valvulopathies rhumatismales historiquement très fréquentes sont en voie d’extinction.
Historique de la coronarographie en Guadeloupe
Depuis sa création il y a 15 ans, l’activité de coronarographie a connu une progression constante limitée les premières années par la qualité de l’équipement initial et par le nombre d’opérateurs. Les activités se sont progressivement diversifiées permettant maintenant la réalisation de la quasi-totalité des actes et explorations usuelles. Certains outils tels que le Rotablator(R) et l’OCT ne sont pas encore disponibles. La salle du CHU est à ce jour la seule salle de cardiologie interventionnelle du département.
Qui sommes-nous ?
L’équipe de cardiologie tant médicale que paramédicale est jeune et encore en construction. Nous avons fait le choix, compte tenu de la montée progressive de l’activité et d’une taille modeste pour un CHU, de privilégier la polyvalence plutôt que l’hyperspécialisation, notamment au niveau des équipes paramédicales.
L’équipe de cardiologie interventionnelle coronaire comprend :
• 4 médecins dont 2 temps plein.
• 6 IDE dont la plupart sont polyvalentes (coro/rythmo) et passent par cycle en secteurs de soins ou en secteur interventionnel.
• 7 manipulateurs radio qui travaillent également dans d’autres secteurs de radiologie.
Nos perspectives et projets
Le renforcement de l’équipe pour accompagner la montée en charge de l’activité.
L’ouverture d’un bloc hybride.
Au-delà, la reconstruction du CHU est sans nul doute le chantier majeur des années à venir. Ce projet est à la phase d’étude architecturale et technique pour une livraison prévue à l’horizon 2019. L’activité de cardiologie diagnostique et interventionnelle poursuit sa construction dans un environnement hospitalier et sanitaire qui est lui-même en construction. La conduite des projets est, dans cet environnement particulier, énergivore et réclame un fort engagement de la part des équipes soignantes. Elle a le mérite d’être gratifiante lorsque l’on mesure le chemin parcouru et motivante lorsque l’on s’intéresse aux perspectives qui s’offrent à nous telles que la construction d’un nouveau CHU. Les particularités de la pathologie artérielle enrichissent notre pratique et nourrissent notre réflexion clinique et fondamentale.
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