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Diabéto-Cardio

Publié le 18 déc 2023Lecture 3 min

Le gain de poids au cours de la grossesse est un prédicteur de la mortalité cardio-métabolique 50 ans plus tard

Jean-Louis SCHLIENGER, Strasbourg

Falkentoft AC et al. Risk of first‑time major cardiovascular event among individuals with newly diagnosed type 2 diabetes: data from Danish registers. Diabetologia 2023 ; 66 : 2017-29.

La prise de poids est un paramètre majeur de surveillance de la grossesse en raison de son impact sur la santé de la mère et de l’enfant. Des recommandations prenant l’IMC avant la grossesse ont été formulées par la National Academy of Medicine (NAM)* dans le but de minimiser les risques pour l’enfant en cas d’excès ou d’insuffisance de gain pondéral. Mais quid des conséquences à distance d’un gain pondéral hors normes ? A ce jour on ne dispose pas de données concernant la mortalité de la mère à long terme. Cette étude de cohorte observationnelle nord-américaine a examiné les associations entre les modifications du poids gestationnel et la mortalité toutes causes confondues, cardiovasculaire ou liée au diabète 50 ans après la dernière grossesse chez 48 197 femmes enceintes (58 760 grossesses) incluses entre 1959 et 1966 lors d’une première visite prénatale entre 1959 et 1966. Au total 46 042 femmes enceintes éligibles dont l’IMC avant la grossesse était connu (autodéclaration du poids et de la taille) ont fait l’objet d’une surveillance pondérale durant la grossesse. L’état vital des participantes a été vérifié le 31 décembre 2016 en croisant les données du Registre national des décès et du Registre de la sécurité sociale. Le critère d’évaluation principal était la mortalité toutes causes confondues. Les critères d'évaluation secondaires comprenaient les causes sous-jacentes de mortalité cardiovasculaire et diabétique pour tester l’hypothèse qu’un gain de poids gestationnel excessif exposait à un risque accru de maladies chroniques. Parmi les 17 901 participantes décédés (38,9 %), les maladies cardiovasculaires représentaient 30,0 % des décès et le diabète était responsable de 4,9 % des décès. La mortalité pour 1 000 années-personnes s’est majorée avec l'augmentation de l'IMC avant la grossesse (figure). Chez celles qui avaient un IMC normal avant la grossesse (68,6 %), un gain pondéral supérieur aux normes de la NAM était associé à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues [1,09 ; 1,01-1,18) et de la mortalité cardio-vasculaire (1,20 ; 1,04-1,37). En revanche, un gain pondéral inférieur aux normes NAM* était associé à une mortalité liée au diabète plus faible (RR : 0,62 ; IC95 % : 0,48-0,79). Une prise de poids excessive était associée à une augmentation de la mortalité toutes causes (1,12 ; 1,01-1,24]) chez les participantes qui étaient en surpoids avant la grossesse (15,4 %) mais pas chez celles qui étaient en insuffisance pondérale avant la grossesse (9,4 %). Par rapport au 3e quintile de gain de poids, le 5e quintile de gain de poids était associé à une augmentation de la mortalité cardiovasculaire (1,15 ; 1,01–1,30) et due au diabète (1,63 ; 1,13-2,35). Paradoxalement en cas d’obésité avant la grossesse (6,7 %), la prise de poids n'était pas associée à un risque accru de mortalité, peut-être parce que le que le taux de mortalité plus élevé dû à l’obésité a occulté l’effet « gain pondéral gestationnel ». Nonobstant les problèmes méthodologiques inhérents aux études observationnelles et aux autodéclarations, ces résultats sont en faveur d’une association entre le gain pondéral gestationnel et la mortalité à très long terme. Les participantes ayant un poids normal avant la grossesse et une prise de poids supérieure aux recommandations présentaient un risque accru de 9 % de mortalité toutes causes confondues et un risque de mortalité cardiovasculaire accru de 20 %. Chez les participantes dont le poids était normal avant la grossesse, le gain pondéral optimal pour minimiser la mortalité à long terme est de 6,8 à 10,9 kg, bien inférieur aux recommandations NAM*. En dépit de la prise en compte de facteurs de confusion, il n’a pas été possible d’établir de relation causale. Toutefois, un gain de poids gestationnel excessif doit être considéré comme un facteur prédictif. Ces résultats incitent à contrôler au mieux la prise de poids au cours de toute grossesse par un accompagnement hygiéno-diététique vigilant. Figure. Taux de mortalité à 50 ans de post-partum en fonction du gain pondéral (inférieur, normal ou supérieur aux normes NAM) et de l’IMC avant la grossesse. *Gain pondéral en cours de grossesse préconisé par la National Academie of Medicine selon l’IMC prégestationnel. < 18,5 kg/m2 : 12,5 à 18,0 kg 18,5-24,9 kg/m2 : 11,5 à 16,0 kg 25,0 à 29,9 kg/m2 : 7,0 à 11,5 kg > 30,0 kg/m2 : 5,0 à 9,0 kg

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