Cardiologie générale
Publié le 12 déc 2006Lecture 3 min
Amour, cœur et hormones : le THS au masculin ?
Peut-on parler d’amour sans parler des hormones qui gouvernent la sexualité, tout comme elles influent sur le système cardiovasculaire ? Or, chez l’homme (comme chez la femme), le vieillissement s’accompagne d’un tarissement des sécrétions des hormones sexuelles, certes moins brutal. Le déficit androgénique lié à l’âge, ou andropause, n’en existe pas moins, avec son cortège symptomatique bien connu : fatigabilité, fonte musculaire, dysfonction érectile, etc. Avec l’augmentation de l’espérance de vie et la demande croissante des populations vieillissantes de vivre longtemps en conservant une bonne qualité de vie, se pose la question de l’intérêt d’une supplémentation en testostérone avec en question subsidiaire, mais non moins importante, le risque éventuel que ferait courir un tel traitement chez l’homme.
Le THS masculin : de plus en plus populaire ?
Malgré l’absence de preuve d’un bénéfice à prescrire de la testostérone chez l’homme vieillissant qui ne présente qu’une baisse modeste des valeurs plasmatiques de cette hormone, ce traitement substitutif a gagné en popularité. Rien qu’aux États-Unis, le marché des hormones de substitution masculines a été multiplié par 10 depuis 1997. Il faut craindre que cet engouement pour l’hormonothérapie ne gagne l’hexagone ; bien des hommes, déçus par les fausses promesses de la DHEA et souhaitant retrouver leur jeunesse, pourraient chercher dans la testostérone la solution à leurs difficultés. Les déconvenues occasionnées par le traitement hormonal de la ménopause serviront sans doute de leçon, mais qui aujourd’hui se lancerait dans une étude telle que HERS (HEart and oestrogen/progestin Remplacement Study) ?
Testostérone et maladies cardiovasculaires : le doute subsiste
Les relations qui lient les concentrations de testostérone et le risque de maladies cardiovasculaires sont encore assez floues. Nous vivons toujours dans la croyance que les androgènes exercent des effets délétères sur le système cardiovasculaire en raison des études épidémiologiques qui montrent un lien entre le sexe masculin et la survenue précoce d’un événement cardiovasculaire. Pourtant, les études épidémiologiques prospectives n’ont pas montré de corrélation entre la testostéronémie et le développement des maladies cardiovasculaires chez les hommes adultes ou plus âgés. Des études transversales réalisées chez des hommes porteurs d’une maladie coronarienne ont soit montré une absence de corrélation avec les taux de testostérone totale, soit suggéré une relation inverse. Trois études prospectives totalisant environ 3 500 sujets suivis durant au moins 5 ans n’ont montré aucune corrélation entre la testostéronémie et le risque de maladie ischémique, alors qu’une étude chez 500 hommes a montré une relation inverse entre les taux de testostérone et l’athérosclérose aortique.
Les études d’intervention réalisées chez des patients supplémentés en testostérone sont de peu de secours. La plupart sont de très courte durée et concernent des sujets jeunes et franchement hypogonadiques ; elles mettent en évidence un effet bénéfique du traitement sur la fonction cardiaque ou des critères de substitution. Non seulement le traitement androgénique n’entraîne pas de détérioration du profil lipidique, mais il semble l’améliorer, selon certaines études. Ces données, pour rassurantes qu’elles soient, ne renseignent pas sur les effets du traitement dans une population âgée.
On connaît cependant l’effet de la testostérone sur l’activité fibrinolytique et le risque thrombotique chez les patients recevant des doses supraphysiologiques de testostérone. Parmi les sujets hypogonadiques sous traitement substitutif, près de 24 % présentent une polycythémie. À l’inverse, la baisse des taux de testostérone s’accompagne d’une augmentation de la pression artérielle, de la glycémie à jeun, de l’insulinémie et favorise l’obésité abdominale.
En bref
Si les études d’observation ne montrent pas de corrélation entre les taux de testostérone endogène et le risque cardiovasculaire, les travaux effectués chez des patients supplémentés n’ont pas mis en évidence d’effet délétère sur les marqueurs de substitution du risque coronaire mais au contraire des effets bénéfiques chez l’homme souffrant de maladie coronaire. De là à considérer que le risque n’existe pas chez l’homme âgé tout-venant il y a loin et seules des études bien conduites sur de grands effectifs et d’une durée suffisante permettraient d’évaluer le bénéfice/risque d’un traitement hormonal substitutif chez l’homme.
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