Publié le 15 nov 2005Lecture 3 min
Cardiologie du sport : tous en piste !
J.-F. AUPETIT, CH Saint-Joseph et Saint-Luc, Lyon R. BRION, Hôpital d’instruction des armées Desgenettes, Lyon F. CARRÉ, Hôpital Pontchaillou, Rennes H. DOUARD, Hôpital cardiologique, Bordeaux
Cœur et sport
L’homo sapiens que nous sommes a hérité d’un patrimoine génétique qui lui permet d’effectuer d’importants efforts physiques autrefois nécessaires à sa survie. Les profonds changements du mode de vie, mécanisation à outrance — et donc sédentarité —, modifications du régime alimentaire — et donc maladies de surcharge —, représentent aujourd’hui la dixième cause de mortalité dans le monde.
Pour ce qui concerne l’activité physique, faut-il donc revenir à un mode de vie plus ancestral ? Sûrement oui, mais ce n’est pas sans risque car l’exercice physique revêt une dualité paradoxale.
Certes, les effets favorables sur la mortalité d’une activité physique régulière et adaptée sont démontrés de façon irréfutable aussi bien dans une population de sujets sains que dans une population de patients cardiaques.
Mais l’exercice physique peut aussi être le révélateur d’une cardiopathie jusque-là méconnue avec le spectre inquiétant de la mort subite.
Avant de conseiller la pratique d’une activité physique intense, le cardiologue doit donc faire preuve de prudence et s’assurer de l’absence de pathologie pouvant favoriser un accident cardiaque au cours d’un effort. Est-ce toujours aussi simple ?
Le cardiologue est consulté :
– pour vérifier si un sport de loisir peut s’effectuer sans danger, chez un sujet jusque-là sédentaire et désirant reprendre une activité physique ;
– pour vérifier l’adéquation entre une activité sportive et les caractéristiques physiopathologiques d’une cardiopathie clairement identifiée, traitée et régulièrement suivie ;
– pour autoriser la participation et donc rédiger des certificats d’aptitude soit à des pratiques sportives régulières, soit à des compétitions de masse dont les organisateurs sont en droit d’exiger des certificats de non contre-indication ;
– enfin lorsque l’exercice physique est pratiqué en compétition par des sportifs amateurs ou professionnels dont la motivation première est l’obtention d’une performance, le cardiologue est également de plus en plus amené à collaborer au suivi de ces athlètes :
- dépistage systématique d’anomalies cliniques latentes mais susceptibles de se révéler brutalement au cours d’efforts physiques intenses et/ou prolongés,
- reconnaissance des adaptations physiologiques du système cardiovasculaire à l’entraînement physique régulier et intense,
- dépistage des effets éventuels d’attitudes dopantes qui ne sont pas réservées aux sportifs professionnels.
Dans le domaine de l’activité physique, le cardiologue est donc de plus en plus sollicité par les patients, les médecins traitants, le grand public ou les fédérations sportives pour guider, conseiller, dépister et finalement garantir l’adéquation entre une activité sportive de loisir ou de compétition et un appareil cardiovasculaire donné avec ses spécificités, intégrant l’âge, les facteurs de risque et les pathologies cardiaques éventuelles.
Enfin, n'oublions pas
Le cardiologue du sport n’est pas un devin infaillible et il persiste encore de nombreuses incertitudes, rendant parfois délicate, voire angoissante, l’appréciation du risque d’une activité sportive chez certains patients. Dans la plupart des cas, l’exposition claire des risques potentiels, l’information et l’éducation adaptées à la psychologie du patient sportif doivent lui permettre de faire raisonnablement face à ses responsabilités ; les recommandations sont là pour aider à trancher ces problèmes difficiles.
Le cardiologue qui prescrit et conseille l’exercice se doit de montrer l’exemple par sa motivation, dont on a démontré qu’elle était le meilleur gage d’adhésion des patients aux conseils qui leur sont donnés.
Tout cardiologue se doit d’être désormais un cardiologue du sport et un sportif en puissance… !
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