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Études

Publié le 10 mai 2005Lecture 3 min

Vitamine E et aspirine en prévention primaire chez les femmes : une déception

A. MARQUAND, Saint-Raphaël

ACC

Deux études issues de la Women’s Health Study (WHS), une vaste étude de cohorte incluant près de 40 000 femmes aux États-Unis — âgées de 45 ans au moins et sans antécédent cardio-vasculaire ou cancéreux à l’entrée — apportent des résultats relativement décevants, mais prévisibles pour le premier agent concerné, sur la vitamine E et l’aspirine en prévention primaire des événements cardio-vasculaires.

Vitamine E en prévention primaire Ce travail porte sur 39 876 femmes américaines âgées de plus de 45 ans volontaires pour participer à cette étude de prévention primaire du risque cardio-vasculaire. Ces femmes sans antécédent cardio-vasculaire ou cancéreux ne recevaient ni aspirine, ni AINS ni suppléments vitaminés à l’entrée dans l’étude. Tous les événements ont été validés par un comité indépendant ; les traitements ont été étudiés de manière randomisée en aveugle contre placebo durant un suivi moyen de 10,1 ans. Le taux d’événements cardio-vasculaires de base observé est de 253 cas pour 100 000 femmes suivies par an. Le critère principal d’évaluation est la somme des infarctus, des AVC non mortels et des décès cardio-vasculaires. Pour la vitamine E (600 U/j ou placebo), les résultats sont rapportés dans le tableau 1. L’analyse portant sur les patientes ayant présenté la meilleure observance du traitement ne montre aucune différence significative comparativement au groupe principal. L’association à la prise d’aspirine ne fait apparaître aucune interaction. Aucun effet indésirable lié à la prise de vitamine E n’a été mis en évidence. Les résultats sont identiques dans tous les sous-groupes étudiés, y compris chez les femmes ayant un risque oxydatif accru, telles les fumeuses, les diabétiques, les hypertendues et les hypercholestérolémiques. Le seul élément à réexaminer est la réduction de décès cardio-vasculaires observée alors que les décès par infarctus ou AVC sont inchangés, ce qui pourrait indiquer un effet en termes de mort subite. Ce travail vient donc s’ajouter à la longue liste des travaux négatifs avec la vitamine E et n’incite clairement pas à utiliser une telle approche en prévention primaire du risque cardio-vasculaire.   Aspirine en prévention cardio-vasculaire primaire Dans ce travail, les femmes ont reçu 100 mg d’aspirine un jour sur 2 ou un placebo ; le critère d’évaluation principal était, comme pour le bras vitamine E, la somme des infarctus et AVC non mortels et des décès cardio-vasculaires. Dans cette population, on note 31 % de femmes en surpoids et 18 % d’obèses. Toutefois, il s’agit d’une population à bas risque puisque 85 % de ces femmes ont un risque cardio-vasculaire à 10 ans < 5 %, calculé d’après les équations de Framingham (tableau 2). Même en analysant séparément les patientes les plus observantes du traitement, les résultats ne changent pas de manière significative en ce qui concerne la prévention des infarctus. Aucune interaction n’est notée avec la prise de vitamine E. En termes de complications, le risque de saignement digestif est significativement augmenté sous aspirine (4,6 vs 3,8 %, RR = 1,22, p = 0,001), le risque de saignement nécessitant une transfusion est également augmenté (0,6 vs 0,5 %, RR = 1,40, p = 0,02). Les résultats sont identiques dans tous les sous-groupes quel que soit le statut hormonal, la prise éventuelle de THS, le poids, l’existence d’une HTA, d’une hyperlipidémie, d’un diabète. Les patientes fumeuses ne bénéficient pas d’une protection accrue par la prise d’aspirine avec au contraire une tendance défavorable (RR = 1,30 ; p = 0,03). Les patientes plus âgées, à plus haut risque, tirent en revanche bénéfice de la prise d’aspirine avec, au-delà de 65 ans, un RR à 0,74 (significatif) pour le critère principal, et un RR à 0,66 pour les infarctus (p = 0,04). L’analyse globale des études de prévention primaire avec l’aspirine montre que les hommes gagnent essentiellement en termes de réduction des infarctus et les femmes sur les AVC ischémiques. Toutefois, la modicité du gain observé et la présence d’effets délétères, notamment au niveau digestif, n’incitent pas à recommander la prise systématique d’aspirine en prévention primaire, sauf dans des sous-populations à haut niveau de risque spontané.

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