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Focus

Publié le 19 déc 2023Lecture 4 min

Télésurveillance des prothèses rythmiques : les outils d’information du patient

Cédric KLEIN, Loïc FINAT, Laurence GUÉDON-MOREAU, Lille

De nombreuses études ont démontré l’intérêt de la télésurveillance des dispositifs électroniques cardiaques implantables (DECI) en termes de détection précoce des arythmies supra-ventriculaires et ventriculaires, de réduction de chocs électriques inappropriés, mais également en matière de réduction de mortalité(1-3). Ces données ont abouti aux recommandations européennes et américaines qui préconisent l’usage de la télésurveillance de tous les stimulateurs et défibrillateurs, et ce avec le niveau de preuve existant le plus élevé(4,5).

Les systèmes de télésurveillance des DECI partagent traditionnellement un même principe de fonctionnement. Le DECI surveille et mémorise en continu les données relatives au fonctionnement du dispositif et à la situation clinique du patient. Ces données sont ensuite transmises par le dispositif vers un transmetteur externe (généralement fixe et installé dans la chambre du patient) qui transfère les données vers une plateforme sécurisée hébergée par le constructeur. Les professionnels de santé en charge du patient peuvent ensuite consulter ces données et agir en conséquence. Ce mode de fonctionnement ne laisse au patient qu’un rôle limité, consistant principalement à s’assurer du bon branchement du transmetteur et de sa proximité avec le DECI au moment de la communication entre ces deux dispositifs. À l’ère de la numérisation médicale, de nouveaux outils (applications mobiles, smartphones dédiés, transmetteurs) ont été conçus par les constructeurs afin de permettre aux patients porteurs de DECI de s’autonomiser et de s’impliquer activement dans leur prise en charge.   Applications mobiles   Différents constructeurs ont développé des applications mobiles permettant aux patients d’accéder à un ensemble d’informations relatives à leur DECI et à leur télésurveillance (tableau). Selon les marques (figure 1), ces fonctionnalités peuvent inclure : – le suivi des données relatives au fonctionnement du DECI (pile et prothèse) ; – l’accès à une carte numérique de porteur de prothèse cardiaque avec tous les détails du dispositif ; – l’accès à certains supports d’éducation thérapeutique ; – l’enregistrement de symptômes ou observations personnelles ; – la transmission d’une notification en cas d’alerte clinique ; – la possibilité de recevoir un message demandant au patient de contacter l’hôpital si nécessaire ; – la vérification de la bonne qualité des transmissions de données à l’équipe médicale. Figure 1. Exemple d’application smartphone, l’application MyCareLink Heart™ permettant au patient d’être informé du fonctionnement du dispositif et de la bonne transmission des données. Des ressources pédagogiques sont également disponibles.   Ces applications sont exploitables sur les smartphones des patients. Elles sont accessibles sur iOS et Android. Elles ne nécessitent pas de smartphones spécialement conçus par les constructeurs de DECI. Récemment, une étude portant sur une large cohorte rétrospective rapportait une meilleure observance de la télésurveillance chez les patients présentant une télésurveillance couplée à une application smartphone par rapport aux patients bénéficiant d’une télésurveillance couplée à un transmetteur fixe traditionnel(6).   Smartphones dédiés   Certains fabricants proposent des smartphones dédiés, spécialement conçus pour la télésurveillance des prothèses rythmiques. Ces téléphones simplifient la transmission des données de la prothèse aux centres de surveillance et offrent des fonctionnalités supplémentaires telle que la possibilité de contacter rapidement les professionnels de santé en cas d’urgence.   Transmetteurs   Certains transmetteurs permettent ou nécessitent une participation active du patient pour la transmission des données enregistrées par le DECI. À titre d’exemple, la télésurveillance des défibrillateurs sous-cutanés de marque Boston nécessite une manipulation (appui sur un bouton du transmetteur par le patient) afin de transmettre les données recueillies par le défibrillateur. Certains constructeurs permettent également la réalisation d’une transmission manuelle en cas de symptôme ou à la demande du médecin. Dans ces situations, des voyants lumineux visibles sur le transmetteur peuvent informer le patient du bon fonctionnement de ce dernier, de la nécessité de réaliser une transmission manuelle ou encore de contacter le service client ou le médecin en charge du patient (figure 2). Figure 2. Transmetteur Boston LATITUDE™ avec les icônes et voyants visibles à l’avant du dispositif. Exemples d’informations pouvant être transmises au patient via les voyants lumineux (images issues du manuel patient du communicateur LATITUDE™).   En marge de ces outils technologiques de plus en plus élaborés et performants, il est nécessaire de rappeler que l’équipe de télésurveillance en charge du patient constitue également une source d’information précieuse pour le patient. Elle peut, tout au long du suivi, informer le patient de la survenue d’un évènement rythmique, de l’usure de la batterie, de la survenue d’une interférence externe ou de tout autre évènement jugé d’intérêt. Elle a également pour rôle de répondre aux questions des patients vis-à-vis de leur télésurveillance. Enfin, si ces outils d’information sont destinés à renforcer l’autonomie des patients, il faut veiller à ce qu’ils ne deviennent pas une source d’inquiétude ou d’anxiété par exemple en cas de signaux lumineux sur le transmetteur pouvant être interprétés à tort comme un dysfonctionnement du défibrillateur lui-même. Par ailleurs, certains patients ne souhaitent pas, pour différentes raisons, recevoir toutes ces informations. Il faut alors respecter leur choix et ne pas les sur-responsabiliser contre leur volonté.

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