Publié le 20 oct 2019Lecture 6 min
France PCI : état des lieux d’un projet ambitieux
Grégoire RANGÉ, Coordinateur médical des registres CRAC et France PCI, service de cardiologie, Centre hospitalier de Chartres
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ! » Mark Twain
Malgré son ampleur, sa complexité et les nombreux obstacles qu’il doit affronter, le projet de registre national de coronarographies et d’angioplasties coronaires, France PCI, porté par le GACI, avance à grand pas.
Depuis 2016, l’implication de Mme Katia Julienne (nouvelle directrice de la Direction générale de l’offre de soins, DGOS) est un véritable soutien et le ministère de la Santé finance une partie de l’équipe projet basée à l’Hôpital de Chartres. Celle-ci fait partie de l’Unité de recherche clinique (URC) du Service de cardiologie à l’origine du projet, en association avec le Club régional des angioplasticiens du centre (CRAC). Elle est composée d’1 médecin, de 2 chefs de projets, 2 attachés de recherche clinique (ARC) nationaux et d’une biostatisticienne qui gèrent et coordonnent l’ensemble du registre national.
France PCI, une participation en augmentation
Grâce au soutien de leurs ARS respectives comprenant notamment le financement d’ARC régionaux, les 6 centres de la région Centre-Val de Loire (CRAC) et 6 des 7 centres de la région Normandie (CRAN) ont déjà intégré le registre. La région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), déjà active avec 2 centres participants (CHU Clermont-Ferrand, CH Henri Mondor d’Aurillac) ouvrira une dizaine de centres supplémentaires durant les prochains mois. En 2020, nous serons donc une trentaine de centres actifs, soit l’équivalent du registre suédois SCAAR, référent mondial dans le domaine (figure 1).
Figure 1. Carte France PCI 2020.
De nombreux autres centres, partout en France, souhaitent nous rejoindre dès que possible, et certains sont prêts à financer eux-mêmes leur intégration à l’instar du Dr Boiffard du Centre hospitalier Départemental Vendée (La Roche-sur-Yon) qui a rejoint France PCI au printemps 2019. En effet, le comité de pilotage autorise dorénavant un centre n’ayant pas (encore) de subventions de son ARS à intégrer France PCI. Le centre doit pour cela être en capacité de financer lui-même le module informatique dédié (coût du module pour un centre déjà équipé de CardioReport de CVX Medical : 4 200 euros HT), les coûts d’hébergement de ses données (1 000 euros HT/an) et du temps humain pour assurer le recueil des données hospitalières et d’un suivi à 1 an de tous ses patients dilatés et/ ou ayant présenté un SCA ST+ < 24 h (figure 2). Il s’agit idéalement d’un profil de technicien d’études cliniques (TEC) à hauteur d’un 10 % équivalent temps plein (ETP) pour 250 angioplasties coronaires soit 50 % ETP pour 1 000 angioplasties coronaires/an. En échange, le centre aura accès à l’ensemble de ses données en temps réel, aux différents rapports d’activité générés en ligne permettant de comparer ses résultats aux moyennes régionales ou nationales, de participer à des études issues de France PCI et de proposer des travaux scientifiques (sous réserve de validation par le comité scientifique France PCI composé de représentants de chaque région participante). Les données de chaque centre sont strictement confidentielles et ne sont visualisables que par les médecins du centre concerné.
Figure 2. Conditions d’intégration du registre France PCI : fiche pratique.
Cet autofinancement par les centres n’est que transitoire car beaucoup d’autres ARS (PACA, Occitanie, Île de France, etc.) souhaitent nous rejoindre et cherchent actuellement les moyens de prendre en charge financièrement l’intégration des centres de leur région. En région Île de France, l’ensemble des centres de l’AP-HP sous l’impulsion des Prs Gilles Montalescot et Jean-Philippe Collet s’est engagé à intégrer France PCI et des discussions sont en cours avec leur direction pour s’équiper d’un logiciel compatible permettant, à terme, leur participation.
Des analyses spécifiques et précises
Grâce à son architecture tout électronique, une équipe projet composée de professionnels de la recherche clinique ainsi que la présence de TEC dans les centres participants, la qualité des données est exceptionnelle (exhaustivité > 99 %, cohérence à 90 %). Elle permet d’envisager des analyses spécifiques et précises sur bon nombre de problématiques qui nous intéressent tant sur le syndrome coronaire aigu (SCA) que dans l’angor stable. Pourtant, à registres similaires, son coût de fonctionnement reste extrêmement bas (10 à 20 €/ procédure), équivalent à celui du registre SCAAR (qui s’appuie sur un véritable numéro santé unique) et 10 fois moins onéreux que son homologue américain NCDR (248 €/procédure)(1).
La base de données comprend actuellement environ 100 000 coronarographies, 40 000 angioplasties coronaires et 6 000 SCA ST+ < 24 h suivis à 1 an. Déjà 4 articles issus du registre ont été publiés depuis 2018 et de nombreux autres sont en cours de rédaction)(2-5). Certains, comme celui présenté au dernier congrès de l’European Society of Cardiology (31 août au 4 septembre 2019, Paris) et publié récemment dans l’European Heart Journal:Acute Cardiovascular Care(5), comparant le transport héliporté versus terrestre dans l’infarctus du myocarde, nous éclairent non seulement sur l’impact du choix des modalités de transport préhospitalier sur les délais d’arrivée mais également sur des pistes d’amélioration de nos pratiques et des sources potentielles d’économie de santé (figure 3).
Figure 3. Comparaison des délais de transfert préhospitalier selon les modalités de transport des patients pris en charge pour IDM < 24 h.
De nombreuses applications
Hormis son intérêt scientifique évident, la qualité et l’importance de cette base de données permet d’envisager de nombreuses autres applications.
Pour le médecin
Elle apporte évaluation et amélioration de ses pratiques comme cela a été démontré avec le registre SCAAR où le benchmarking a permis à l’ensemble des centres participants d’améliorer significativement leurs performances au cours du temps.
Pour les autorités sanitaires
Elle permet l’évaluation de la pertinence des actes et du parcours de soins du patient coronarien ainsi que la mise en place d’études médico-économiques et d’alertes sanitaires.
Pour le patient
C’est une amélioration de sa prise en charge, avec un suivi systématique à 1 an et la possibilité de suivi à plus long terme grâce à des outils connectés ou des questionnaires médicaux envoyés via SMS ou mail.
Pour les industriels des dispositifs implantables ou du médicament
Elle permet de réaliser des études de postcommercialisation ou d’analyser des données de « vraie vie », par exemple.
D’autres développements sont en cours d’étude comme la possibilité de pouvoir faire des études randomisées au sein de France PCI (Randomized Registry Clinical Trial : RRCT) ou de rajouter périodiquement de nouvelles variables afin de pouvoir se focaliser sur des thématiques spécifiques (exemple : évolution du bilan lipidique et du traitement hypolipémiant après angioplastie coronaire).
Le GRCI, convaincu de l’importance d’un registre national pour l’ensemble de notre communauté médicale et paramédicale, accompagne étroitement ce projet ambitieux et permet à l’équipe de France PCI de présenter régulièrement son état d’avancement. Comme chaque année, un stand France PCI sera présent lors de notre congrès annuel en décembre à Paris où vous pourrez rencontrer et échanger avec les différents acteurs. Ce registre, initié et porté par la communauté de cardiologues interventionnels est VOTRE registre (figure 4) et a été conçu pour que chaque participant puisse accéder simplement à sa base de données et récupérer facilement, en ligne, les informations dont il a besoin. Il ne pourra aboutir que si l’ensemble des acteurs se mobilise et participe activement à ce que pourrait devenir, à terme, le plus grand registre permanent et prospectif en cardiologie interventionnelle.
Figure 4. Organigramme France PCI.
Vous pouvez également trouver toutes les informations nécessaires directement sur notre site internet : www.francepci.com.
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