Publié le 20 juin 2019Lecture 3 min
Allons de l'avant !
Patrick LERMUSIAUX, Service de chirurgie vasculaire et endovasculaire, Hospice civils de Lyon, CHU de Lyon
Dans les années 1940, le chirurgien qui avait appris un panel d’interventions pendant son internat, avait de bonnes chances de pratiquer à peu près les mêmes en fin de carrière. Mais voilà, depuis toujours l’homme a fait des progrès sur le plan technologique. Le phénomène nouveau, c’est l’accélération de survenue de ces progrès, et la chirurgie endovasculaire en est la preuve éclatante.
Pendant mon internat le scanner et l’IRM n’existaient pas ! Quelques années plus tard c’était déjà le début de l’endovasculaire et j’avoue, mais ne le répétez à personne, avoir abordé des artères fémorales communes, que je n’arrivais pas à ponctionner ! Alors que maintenant, plus besoin d’aller en Afrique pour faire un safari. Autant vous dire que les premiers chirurgiens qui ont réalisé des dilatations ont été moqués par leurs collègues. Rendezvous compte, certains extrémistes allaient même jusqu’à mettre des stents dans l’artère fémorale superficielle alors que le pontage fémoropoplité prothétique fonctionnait si bien !
On pourrait croire qu’être chirurgien est un avantage définitif pour innover et développer de nouvelles techniques endovasculaires. En effet, en cas de survenue d’une complication, celle-ci pourra être réglée immédiatement par le chirurgien qui est déjà au bloc opératoire. En réalité, le fait d’être un chirurgien est plutôt un handicap. Devant une thrombose de l’axe iliaque, beaucoup de chirurgiens vont essayer pendant quelques minutes de réaliser une recanalisation, mais, en cas d’échec, opteront rapidement pour la réalisation d’un pontage aortofémoral, ce qui finalement revient à céder à la facilité. Pour réaliser une recanalisation complexe, il faut au contraire prévoir une longue durée opératoire, des abords multiples, et une sacrée dose de patience. Les cardiologues, ont ainsi appris à traiter des cas de plus en plus complexes, et ont aussi appris à gérer seuls leurs complications, sans aucun doute pour respecter le sommeil du chirurgien de garde ?
La prise en charge des anévrismes aortiques par mise en place d’une endoprothèse représente une révolution. Alors que chacun aurait dû s’émerveiller de cette nouvelle technologie, beaucoup d’entre nous, ont lutté et luttent encore, pour conserver la mise à plat greffe. Bien sûr les endoprothèses posent encore de nombreux problèmes, endofuite de type 2, collet angulé, collet court. Alors que faut-il faire ?
Faire des études randomisées pour démontrer que la chirurgie est supérieure, mais alors dans 50 ans, que ferons-nous ? Toujours une mise à plat greffe, alors que nos voitures seront électriques et autonomes ? Au contraire, il faut réunir toutes nos compétences pour régler les derniers problèmes que posent les endoprothèses, pour que définitivement le traitement des anévrismes aortiques soit réalisé sous anesthésie locale, en percutané, en ambulatoire, avec une surveillance ultérieure simplifiée (en attendant un traitement médical).
Alors, mes chers collègues, ne vous battez pas pour démontrer que la chirurgie d’hier est supérieure à la chirurgie de demain. Ne considérons pas non plus que tout ce qui est nouveau est parfait ! Méfions-nous des modes qui existent en médecine comme partout ailleurs. Bien sûr, parmi toutes les innovations certaines s’avèreront être de fausses pistes, mais cela ne doit pas freiner notre détermination. Aussi, avec un esprit critique sur le qui-vive, innovons pour régler un par un tous les défis des nouvelles techniques endovasculaires, analysons les résultats, publions.
Aussi je vous le dis, allons de l’avant et construisons la chirurgie vasculaire de demain.
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