Publié le 14 oct 2013Lecture 2 min
Les 20 ans d’existence du syndrome de Brugada - Du nouveau à l’ESC
D. DUBOC, hôpital Cochin, Paris
Lors de la session consacrée aux atteintes myocardiques des maladies générales, Denis Duboc a rapporté, dans sa conférence consacrée aux atteintes cardiaques des maladies musculaires, la forte prévalence du syndrome de Brugada au cours de la dystrophie myotonique de Steinert.
Nouvelles avancées dans la compréhension moléculaire du syndrome de Brugada
Dans cette affection, qui est la plus fréquente des myopathies, le risque de mort subite est élevé et semble principalement lié au trouble de conduction auriculoventriculaire. Cependant, le risque de troubles du rythme supraventriculaire et ventriculaire est également classique, même si leur rôle dans la morbimortalité de la maladie est moins documenté que pour les troubles conductifs.
Karim Wahbi, au sein de son équipe, a observé, sur une cohorte de plus de 900 patients atteints de cette myopathie, une prévalence de 7,6 % d’aspect électrocardiographique typique d’un syndrome de Brugada de type 1, ce qui est 50 fois plus élevé que dans la population générale. Ces patients particuliers étaient plus exposés au risque de mort subite par trouble du rythme ventriculaire (figure 1).
Figure 1. Aspect typique de Brugada (type 1).
Une analyse moléculaire
Grâce à une analyse moléculaire réalisée sur les tissus myocardiques de patients ayant bénéficié d’une greffe cardiaque, D. Duboc a explicité les anomalies des protéines canalaires associées à cette repolarisation anormale.
En fait, le gène qui code pour le canal sodique (SCN5A) est normal ; en revanche, son expression est fortement perturbée par l’accumulation dans le noyau des cellules cardiaques d’acide ribonucléique toxique lié à la maladie de Steinert, ce qui modifie l’expression de SCN5A par des anomalies d’épissage de l’ARN messager issu de sa transcription. La protéine, au terme de tout ce processus de lecture moléculaire, sera donc modifiée avec la présence d’isoformes différentes qui va altérer la fonctionnalité du canal sodique (figure 2). Il s’agirait donc d’une toxicité péri- ou épigénétique qui pourrait rendre compte de syndromes de Brugada dans lesquels le gène SCN5A est normal (80 % des cas), offrant ainsi une nouvelle physiopathologie pour les troubles du rythme ventriculaire associés à ce syndrome.
Figure 2. Présence d’isoformes différentes.
Un espoir thérapeutique ?
Enfin, des troubles familiaux de conduction auriculoventriculaire liés à une mutation de SCN5A ayant été antérieurement rapportés, il n’est pas exclu que les anomalies fonctionnelles du canal sodique par épissage anormal rendent compte aussi des blocs AV observés dans la maladie de Steinert. Ces anomalies moléculaires permettent une nouvelle approche thérapeutique par la neutralisation des fragments d’ARN toxiques avec de premiers résultats expérimentaux très encourageants. L’ensemble de ces résultats doit être publié dans l’un des prochains numéros d’Archives of Cardiovascular Diseases.
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