Publié le 28 fév 2014Lecture 18 min
L’essentiel des JHTA 2013
M. AZIZI, Unité d’hypertension artérielle et Centre d'investigations cliniques 9201, Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris
JHTA
Barostimulation carotidienne pour le traitement de l’HTA résistante
D’après M. Azizi (HEGP, Paris) et P. Rossignol (CHU de Nancy)
Malgré l’existence de plusieurs classes de traitements antihypertenseurs actifs par voie orale, l’hypertension artérielle résistante (HTAR) reste un problème important de santé publique en 2014. L’échec des approches purement pharmacologiques pour traiter l’HTAR a stimulé l’intérêt pour de nouvelles approches invasives fondées sur le principe de modulation de l’activité sympathique rénale et centrale. Ainsi la dénervation rénale (DR) par voie endovasculaire utilise un courant de radiofréquence ou des ultrasons pour réaliser une ablation des fibres sympathiques afférentes et efférentes qui cheminent dans l’adventice des artères rénales. La stimulation des récepteurs des barorécepteurs carotidiens (SBR) est aussi une nouvelle approche.
Données expérimentales
Expérimentalement, la stimulation électrique bilatérale des barorécepteurs carotidiens (SBR) chez le chien vigile obèse qui développe une HTA caractérisée par une activation sympathique s’accompagne d’une hypotension artérielle associée à une diminution des concentrations plasmatiques de norépinéphrine, de rénine et du DFG, et à une augmentation de la fraction d’excrétion sodée traduisant une inhibition sympathique.
Principe
Le premier dispositif disponible (Rheos™) comportait deux électrodes de stimulation implantées chirurgicalement sur chaque sinus carotidien et reliées par une sonde à un générateur d’impulsions implanté chirurgicalement en région sous-claviculaire. La SBR aiguë chez l’homme hypertendu entraîne une réduction immédiate de la PA par inhibition sympathique, associée à une réduction de la fréquence cardiaque par activation vagale, sans impact négatif sur la fonction du baroréflexe. Ces résultats suggèrent que la SBR atténue l’activation sympathique et que l’action hypotensive est bien médiée par le système nerveux central.
Études cliniques dans l’HTAR
L’étude DEBuT-HT (Device Based Therapy in Hypertension Trial) était une étude multicentrique, prospective, non randomisée, de faisabilité, dont l’objectif était d’évaluer, sur une période de 3 mois, la sécurité et l’efficacité du système Rheos™ implanté bilatéralement chez 45 patients présentant une HTAR. Le taux d’événements indésirables graves périprocéduraux était de 16,7 %. Une réduction significative de la PA clinique sous traitement médical inchangé était observée après 3 mois de stimulation (-21/12 mmHg).
L’étude de phase III Rheos est un essai multicentrique randomisé international, en double insu, conduit chez 265 patients avec HTAR résistante, qui ont été implantés avec le dispositif Rheos™ (électrodes bilatérales). Un mois après l’implantation, les patients ont eu une SBR immédiate (groupe A) pendant les 6 premiers mois, ou une SBR retardée à partir du 6e mois (groupe B, ‘sham’ initial). Le pourcentage de patients répondeurs (baisse de systolique > 10 mmHg) à 6 mois était de 54 % dans le groupe A vs 46 % dans le groupe B, une différence non significative. Le pourcentage de patients ayant une systolique < 140 mmHg à 6 mois était de 42 % pour le groupe A vs 24 % groupe B. La différence n’était plus significative à 12 mois (53 % vs 51 %), lorsque les deux groupes étaient stimulés. La réduction moyenne de systolique à 6 mois était de -16 ± 29 mmHg pour le groupe A et de -9 ± 29 mmHg pour le groupe B (p = 0,08). Au total, 88 % des répondeurs à 6 mois maintenaient leur réponse à 12 mois. La persistance d’un effet antihypertenseur a été observée après une moyenne de 28 ± 9 mois.
Sécurité
Le taux de complications dans l’étude Rheos™ était de 24,2 % dans les 30 jours de l’implantation. Les événements indésirables étaient liés au positionnement de la sonde carotidienne. Il s’agissait de lésions nerveuses transitoires (4,4 %) ou permanentes (4,8 %) au moment de l’implantation, de complications chirurgicales générales (4,8 %), de troubles respiratoires (2,6 %) et de problèmes de cicatrisation (2,6 %). Aucun décès n’a été imputable à la procédure de mise en place ou au dispositif lui-même. Aucune sténose carotidienne n’est survenue à moyen terme.
Les risques peuvent être minimisés par une technique chirurgicale très encadrée et le suivi strict du protocole : les critères de sélection, des techniques et procédures d’implantation, et la surveillance étroite de l’état physiologique du participant au cours de l’implantation et du suivi, en particulier au cours des procédures de titration. Ces dernières permettent d’optimiser la réponse hypotensive tout en minimisant les effets indésirables potentiels liés à la stimulation inappropriée de structures anatomiques adjacentes, en général réversibles après titration.
L’intervention et le suivi
L’intervention est réalisée par un chirurgien vasculaire formé à la technique sous contrôle par échographie Doppler peropératoire de la bifurcation carotidienne. L’implantation exige une gestion des anesthésiques qui préserve la réponse baroréflexe pendant la cartographie nécessaire à l’identification de l’emplacement approprié pour l’implantation de l’électrode et permettre au patient de réagir à la sensation durant la procédure de cartographie. Il faut aussi éviter l’administration d’anesthésiques volatiles et si possible celle des antihypertenseurs en peropératoire jusqu’à ce que la cartographie des barorécepteurs et le placement des électrodes soient terminés.
Des algorithmes de stimulation évaluent la réponse hémodynamique (PA clinique), en réponse à des modifications de l’amplitude, de la durée et de la fréquence de l’impulsion de stimulation. La durée de vie de la batterie du générateur est de 4 ans environ d’après les données du fabricant pour le stimulateur de dernière génération et dépend des réglages de l’appareil. L’implantation du dispositif contre-indique la réalisation d’IRM et des procédures utilisant la diathermie. Les patients doivent se tenir à au moins 15 cm d’appareils émettant des champs électriques ou magnétiques puissants.
Stimulateur de nouvelle génération
L’évolution technologique et l’expérience acquise ont permis le développement d’une nouvelle version du stimulateur Neo™, qui est désormais implantée unilatéralement. La chirurgie d’implantation du nouveau dispositif est moins invasive (petite taille de l’électrode et de l’incision, et diminution de la durée de l’intervention). Le nouveau dispositif a la même efficacité tensionnelle que le Rheos™ et l’implantation est associée à une morbidité plus faible.
Conclusion
Au vu des résultats de l’étude pivot et de ceux de l’étude réalisée avec le nouveau dispositif unilatéral Neo™, la barostimulation a été proposée comme traitement possible pour les patients hypertendus résistants au traitement pharmacologique par les plus récentes recommandations de l’ESH et l’ESC, avec un niveau de preuve/grade de recommandation IIb, niveau C, de fait identique à celui de la DR.
Par rapport à la DR, la barostimulation pourrait concerner un plus grand nombre de patients ayant une HTAR, car les critères d’éligibilité sont moins stricts que pour la DR, et ne comportent pas de fait de critères d’exclusion pour raison anatomique rénale ou de niveau de DFG. Cette méthode n’est pas disponible en France. Elle est en cours d’évaluation médico-économique en France (Protocole ESTIM-rHTN soutenu par le ministère de la Santé et coordonnée par le CHU de Nancy et l’HEGP). Les patients inclus dans ce protocole auront les critères listés dans le tableau ci-dessous.
L’HTA rénovasculaire revisitée
D’après P.-F. Plouin (HEGP, Paris)
L’American Heart Association définit une sténose artérielle rénale (SAR) significative par une réduction de diamètre luminal > 60 %. Expérimentalement, la présence d’une SAR s’accompagne d’une HTA rénine-dépendante réversible par la revascularisation. Ces caractères ne s’appliquent pas aux SAR athéroscléreuses (SARA) qui sont les plus fréquentes chez l’homme. En effet, les patients ayant une SARA ne sont pas nécessairement hypertendus, les hypertendus avec SARA n’ont pas nécessairement une rénine élevée, et la revascularisation des SARA ne guérit pas l’HTA.
Le profil des patients et l’indication des imageries diffèrent entre les patients suspects de SARA et les patients suspects de SAR non athéroscléreuse.
Les patients avec SARA
Les patients suspects de SARA ont classiquement des FDR de l’athérosclérose : âge, prédominance masculine, exposition au tabac, diabète, hypercholestérolémie, ou une atteinte CV symptomatique ou non, une HTA systolique et une insuffisance rénale. La prévalence d’une SARA est très élevée chez les patients qui ont une athérosclérose extrarénale, symptomatique ou non (20 à 35 % selon les séries). En conséquence, ces patients ont une probabilité 3 à 5 fois plus élevée de faire ou de refaire un accident CV que la population générale. La probabilité d’événements CV est plus de 10 fois plus élevée que celle d’un événement rénal (passage en hémodialyse).
Patients suspects de SAR non athéroscléreuse
Les autres causes de SAR sont la dysplasie fibromusculaire (DFM) et des causes rares (artérites inflammatoires, radiques, maladies génétiques avec atteinte vasculaire, spasme artériel, compression extrinsèque).
Les DFM sont la seconde cause de SAR. La présentation évocatrice d’une DFM multifocale (aspect en collier de perles) est une HTA précoce chez une femme d’âge moyen sans FDR notable et dont le DFG est normal. Plus rarement, une HTA chez l’enfant ou chez un jeune adulte évoque une forme rare de DFM, la DFM focale.
Prise en charge diagnostique
Compte tenu des résultats négatifs des essais de revascularisation par angioplastie + stenting (voir plus bas), la démarche diagnostique et le dépistage des SARA en est modifié. Si la PA est facilement contrôlée et la fonction rénale stable, la revascularisation n’est pas indiquée et la recherche d’une SARA est peu utile. Le dépistage d’une SARA est nécessaire chez les patients qui ont une forte probabilité de SARA (polyvasculaires) et une HTA résistante au traitement, une ascension ≥ 20 % de la créatinine lors de la mise en place d’un IEC ou ARA2, ou en cas d’OAP récidivant. Les indications de dépistage sont plus larges pour une SAR non athéroscléreuse car une revascularisation est le plus souvent nécessaire.
Si la suspicion clinique de SARA est élevée et qu’on souhaite une sensibilité optimale, il vaut mieux recourir aux imageries en coupes qui ont une performance supérieure à celle du Doppler. L’angioscanner doit être réalisé dans la majorité des cas, et l’angio-IRM en cas d’allergie aux produits de contraste iodés et de fonction rénale altérée. En effet, l’échographie avec Doppler est opérateur-dépendante et peu standardisée, utilisant 4 index (vitesse maximale, temps d’accélération, index d’accélération, rapport rénoaortique) dont les seuils varient d’une équipe à l’autre. L’artériographie reste l’examen de référence mais elle est invasive, exposant aux risques allergiques et rénaux de l’angioscanner et à des complications liées à l’abord vasculaire ou sur le trajet du cathétérisme artériel. Elle n’est utilisée que dans la perspective d’une angioplastie. La scintigraphie rénale quantitative et la mesure de la rénine dans les veines rénales n’ont plus cours dans l’exploration des SAR. L’imagerie en coupes distingue facilement une DFM multifocale (lésions tronculaires en perles enfilées) d’une SARA (sténose proximale et présence de plaques aortiques). La DFM focale donne un aspect de sténose tronculaire unique sans plaque aortique chez un sujet très jeune.
Prise en charge thérapeutique
Elle est différente dans les SARA et dans les SAR non athéroscléreuses.
Patients ayant une SARA
L’objectif de leur prise en charge est la prévention CV d’ensemble, un meilleur contrôle de la PA (la guérison de l’HTA est hors de portée) et la stabilisation de la fonction rénale.
La prévention CV globale associe statine, IEC ou ARAII, et une petite dose d’aspirine. Dans une cohorte de 3 570 patients ayant une SARA, ceux qui recevaient un IEC ou un ARAII avaient une réduction du risque d’événement CV majeur et de passage en hémodialyse de 30 et 38 % respectivement par comparaison à ceux qui n’en recevaient pas. Ils avaient aussi une augmentation du risque relatif d’insuffisance rénale aiguë mais le risque absolu était faible. L’insuffisance rénale aiguë sous IEC/ARAII est rare, généralement réversible à l’arrêt de traitements, et le plus souvent associée à une SARA bilatérale serrée ou sur rein unique. Il est donc nécessaire de mesurer de la créatininémie dans les jours suivant la première prescription d’un IEC/ARAII :
- si elle est stable (la grande majorité des cas), ces traitements apportent une cardio- et une néphroprotection ;
- si elle s’élève de ≥ 20 %, il faut arrêter l’IEC/ARAII et faire une imagerie des artères rénales ; en cas de SARA, une angioplastie permet ainsi d’administrer à nouveau un IEC/ARAII avec une bonne tolérance rénale.
Revascularisation
L’angioplastie transluminale (ATL) est aussi efficace que la chirurgie mais entraîne moins de complications, si bien que l’ATL est le traitement de première intention dans les cas de SARA relevant d’une revascularisation.
Trois essais ont comparé le traitement médicamenteux seul au traitement médicamenteux avec ATL chez des patients qui avaient une SARA et pas ou peu d’insuffisance rénale. Ils n’ont pas montré de différence en termes de baisse de la PA à 6 ou à 12 mois. Deux essais ont comparé l’ATL seule à l’ATL avec stent ou avec irradiation intravasculaire. Ils ont montré une plus faible incidence de la resténose dans le groupe intervention (stent ou irradiation) mais n’ont pas montré de différence intergroupe en termes de PA ou de DFG. Deux essais ont comparé le traitement médicamenteux seul au traitement médicamenteux avec ATL en termes de néphroprotection, dans la plupart des cas, pose de stent chez des patients ayant une SARA et une insuffisance rénale modérée. Ils n’ont pas montré de différence dans l’évolution du DFG, ni dans l’incidence des événements rénaux. Le dernier essai (CORAL) portant sur 947 patients ayant soit une SARA > 80 %, soit une SARA > 60 % et un gradient de pression transsténotique > 20 mmHg, a comparé le traitement médical seul incluant un ARAII, une statine et l’aspirine, et le traitement médical associé à une ATL avec stent. Il n’a pas montré de différence en termes d’événement (mortalité CV, IDM, AVC, hospitalisation pour insuffisance cardiaque, insuffisance rénale terminale). Il y avait une minime différence intergroupe de PA systolique (2,3 mmHg ; p = 0,03) en faveur du groupe stenté. Dans ASTRAL et CORAL, les plus grands de ces essais, il n’y avait pas de différence entre ATL et médicaments seuls chez les patients ayant une SARA > 80 % ou une ischémie globale (sténose bilatérale ou sur rein unique).
Ces résultats négatifs portant sur la PA, le DFG et les événements cliniques sont liés à l’atteinte du parenchyme rénal d’aval, quasi constante, et en amont à la rigidité aortique qui maintient une HTA systolique et à l’atteinte polyvasculaire globale. Il faut donc conclure que, dans la population de ces essais, il n’y avait aucun bénéfice de l’ATL et qu’il est préférable de s’abstenir puisque l’ATL est associée à un taux de 6,8 % de complications sévères. Cette conclusion s’applique à des patients ayant une situation relativement stable et ne peut être extrapolée aux patients qui étaient généralement exclus des essais : ceux qui avaient une insuffisance rénale aiguë (notamment sous IEC ou ARAII), un OAP, une HTA maligne ou résistante. Il existe un certain consensus pour proposer une ATL à ces patients chez qui la balance risque/bénéfice de l’ATL doit être pesée dans chaque cas individuel, et la préférence du patient doit être prise en compte.
Patients ayant une SAR non athéroscléreuse
Les indications de l’ATL sont beaucoup plus larges dans les SAR non athéroscléreuses.
Dans la DFM multifocale, le problème est celui de la quantification du caractère serré des sténoses. En conséquence, il n’est pas rare de réaliser une ATL sans stenting d’une sténose typique mais peu serrée ce qui peut expliquer que la guérison complète des cas d’HTA avec SAR dysplasique n’est obtenue que dans un tiers des cas. Dans la DFM focale, la sténose est facile à quantifier et généralement sévère, associée à un plus petit rein d’aval. Le problème peut venir d’une ATL difficile, la résistance de la paroi artérielle requérant de fortes pressions d’inflation, nécessitant parfois de recourir à une revascularisation chirurgicale.
Surveillance des patients revascularisés ou non
Les patients revascularisés sont revus 6 mois après l’ATL ou la chirurgie pour juger de l’évolution tensionnelle (MAPA et score de traitement), du DFG et de l’anatomie vasculaire et rénale. En cas d’évolution favorable de la PA et du DFG, le contrôle d’imagerie se contente de l’échographie Doppler qui suffit à mesurer la hauteur des reins et à écarter une complication sévère. Ces contrôles sont répétés chaque année. En cas d’échec tensionnel, l’écho-Doppler est remplacé par une imagerie en coupes à la recherche d’une resténose ou d’infarctus rénal segmentaire.
Chez les patients non revascularisés, on propose aussi la surveillance de la PA, du DFG et de la hauteur des reins à l’échographie car la SAR peut progresser avec le temps. Les contrôles d’imagerie sont programmés à 6 mois après le diagnostic de SAR, puis une fois par an si la situation est stable. En cas de SARA, une surveillance CV globale (clinique, biologique et d’imagerie) est nécessaire.
Nouvelles recommandations de la SFHTA dans l’HTA résistante
D’après T. Denolle (Dinard)
Le texte in extenso de la recommandation peut être trouvé sur le site de la SFHTA (www.sfhta.eu). Le texte ci-dessous a été résumé à partir de ces recommandations. L’HTA résistante est définie par une PA de consultation ≥ 140/90 mmHg chez un sujet de moins de 80 ans, ou PAS ≥ 150 mmHg chez un sujet de plus de 80 ans ; confirmée par une automesure ou une mesure ambulatoire de la pression artérielle (PA ≥ 135/85 mmHg et/ou MAPA ≥ 130/80 mmHg sur 24 h, ≥ 135/85 mmHg en période diurne, ≥ 120/70 mmHg en période nocturne), malgré des règles hygiéno-diététiques et une trithérapie antihypertensive à dose optimale qui doit comporter, un diurétique thiazidique (hydrochlorothiazide 25 mg/j ou indapamide), un bloqueur du SRA (ARAII ou IEC) et un inhibiteur calcique. D’autres classes pharmacologiques sont à utiliser en cas d’intolérance ou d’indications préférentielles. En cas de DFG < 30 ml/min/1,73 m2, un diurétique de l’anse (furosémide, bumétamide) doit remplacer le thiazidique.
Le bilan et la prise en charge comporteront :
• la recherche d’une mauvaise observance (questionnaire, dosages médicamenteux, décompte des médicaments) ;
• la recherche d’un facteur favorisant la résistance (excès d’apports sodés, alcool, dépression et interférences médicamenteuses) ou des médicaments et substances vasoactives ;
• la recherche de l’avis d’un spécialiste en HTA pour détecter :
- une atteinte d’organe cible (créatininémie, créatininurie, microalbuminurie et protéinurie, ECG de repos et échocardiographie, bilan vasculaire en fonction du contexte clinique, de la disponibilité des techniques),
- une HTA secondaire. En fonction du contexte clinique en plus des examens précités dont certains servent au diagnostic : ionogramme sanguin et natriurèse des 24 h ; angioscanner abdominal, échographie Doppler des artères rénales ; dosage de la rénine et de l’aldostérone plasmatiques, des méta- et normétanéphrines urinaires des 24 h, du cortisol libre urinaire des 24 h, test de freinage rapide par la dexaméthasone 1 mg ; oxymétrie nocturne, polygraphie de ventilation, enregistrement polysomnographique,
- établir le traitement médicamenteux en l’absence d’étiologie curable. Chez le patient de moins de 80 ans, une quadrithérapie comportant en première intention la spironolactone (12,5 à 25 mg/j) en l’absence de contre-indication est démarrée avec une surveillance de la kaliémie et de la créatinémie. Un bêtabloquant peut être nécessaire en fonction du contexte clinique. En cas de contre-indication, de non-réponse ou d’intolérance à la spironolactone, un bêtabloquant, un alphabloquant ou un antihypertenseur central peuvent être utilisés. En cas d’échec des thérapeutiques médicamenteuses, l’indication d’une dénervation rénale doit être posée dans un centre spécialisé en HTA,
- informer et éduquer le patient, et l’entraîner à l’automesure tensionnelle.
Communications orales : en bref
• C. Lemogne (Paris) a montré dans une cohorte de 19 276 adultes, que le stress perçu, en particulier chez les femmes faisant partie de catégories socioprofessionnelles les plus basses, est associé à un surcroît de risque de développement d’une hypertension artérielle.
• J.-P. Baguet (Grenoble) a réalisé une étude épidémiologique en France chez des cardiologues, dont l’objectif est de déterminer les relations entre les troubles du sommeil et la sévérité de l’hypertension artérielle. Les résultats montrent un lien étroit entre les troubles de sommeil et la sévérité de l’hypertension, en particulier chez les hypertendus non contrôlés, qui doit encourager les médecins à inclure systématiquement la détection de troubles du sommeil chez les hypertendus.
• A. Persu (Belgique) a évalué la proportion de patients éligibles pour la dénervation rénale et les causes de non-éligibilité dans le cadre d’une étude européenne réalisée dans 7 centres d’hypertension artérielle. Parmi les 308 patients référés pour indication de dénervation rénale, la proportion de patients réellement éligibles était de 39 % selon les critères de l’étude SYMPLICITY HTN-2. Les raisons principales de non-éligibilité étaient la normalisation de la pression artérielle après adaptation du traitement dans 48 % des cas, incluant dans 24 % des cas l’administration d’une faible dose de spironolactone, des raisons anatomiques (16 %), une fonction rénale altérée (11 %), une hypertension blouse blanche (8 %) ou une hypertension secondaire (8 %) et un âge élevé (8 %). Ainsi, même chez les patients présélectionnés avec une hypertension artérielle très réfractaire, seul un tiers des patients est éligible pour dénervation. Dans la moitié des cas, la pression artérielle peut être corrigée par une adaptation du traitement.
Le même groupe a rapporté la réponse tensionnelle après dénervation dans 10 centres experts européens qui ont inclus 109 patients avec hypertension résistante, d’âge moyen 58 ans ayant une pression artérielle (PA) clinique de 175/95 mmHg et de 157/92 mmHg en mesure ambulatoire avec 4,7 traitements antihypertenseurs. Six mois après la dénervation, la baisse de PA clinique était de 17,6/7,1 mmHg et de 5,9/3,5 mmHg en mesure ambulatoire. La variabilité de la réponse tensionnelle était très élevée, et le nombre de traitements antihypertenseurs a diminué modérément à 4,4. Le pourcentage de patient ayant une PA systolique normalisée en mesure clinique était de 23 % et de 15 % en mesure ambulatoire. Les facteurs prédictifs de la réponse étaient une PA de base plus élevée, et un plus haut niveau de créatinine plasmatique était associé avec une moins bonne réponse tensionnelle.
• M. Alivon (HEGP, Paris) a montré dans une cohorte de 60 patients ayant différents types de tumeurs métastatiques solides traités par antiangiogénique (inhibiteur des récepteurs tyrosine kinase ou anticorps humanisé de type bévacizumab), que 46 % des patients développent une hypertension artérielle. Les modifications des propriétés mécaniques de la paroi artérielle par échotracking de haute résolution (vélocité de l’onde de pouls, rigidité carotidienne, et diamètre interne de la carotide mesuré), prédisent la progression et la mortalité liées au cancer.
• M. Plichart (Broca, Paris) a montré une association entre le contrôle tensionnel et l’hypotension orthostatique chez 4 435 patients âgés hypertendus suivis en médecine générale (âge moyen 80 ans). La prévalence de l’hypotension orthostatique était de 8,4 %, et elle était associée à un mauvais contrôle de la pression artérielle. Contrairement à ce qui peut être initialement envisagé, un meilleur contrôle tensionnel est associé avec une moindre fréquence d’hypotension orthostatique.
• F. Gueyffier (Lyon) a réalisé une revue systématique de tous les essais randomisés des traitements antihypertenseurs chez les patients hypertendus comparant ces médicaments à un placebo ou l’absence de traitement ou comparant un traitement intensif à un traitement moins intensif. L’objectif était de rechercher l’impact du traitement antihypertenseur sur l’incidence de la mort subite. Cette revue systématique ne montre pas d’impact bénéfique apparent sur l’incidence des morts subites qui étaient plus nombreuses que les infarctus du myocarde mortel.
• F. Balavoine (Paris) a montré les données initiales de sécurité, de tolérance et de pharmacocinétique d’un nouvel antihypertenseur, qui inhibe l’aminopeptidase A au niveau cérébral. Cette molécule a été développée par C. Llorens Cortes (Inserm, Collège de France). L’aminopeptidase A est une enzyme qui convertit l’angiotensine II en angiotensine III au niveau cérébral. L’angiotensine III est le peptide actif. Le QGC001 est un inhibiteur puissant de l’aminopeptidase A cérébrale. Il s’agit d’une prodrogue. Les résultats de l’étude de phase I réalisée chez des volontaires sains avec des doses orales uniques allant de 125 à 1 250 mg de QGC001 montrent que la molécule est bien tolérée. La concentration maximale est atteinte à 1,5 heure pour la molécule mère et à 3 heures pour le métabolique actif EC33. La demi-vie est de 1,6 heure pour le QGC001. L’administration de QGC ne s’accompagne d’aucune modification de la concentration de rénine ou d’aldostérone plasmatiques, ni de modification de la PA clinique chez des sujets normotendus, comme cela est déjà montré chez les animaux normotendus. Ces données permettent d’envisager la phase I en dose répétée ainsi que la phase IIA chez les patients hypertendus.
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