Publié le 27 oct 2015Lecture 2 min
Hypoglycémies et ADO : un vrai problème ?
D'après un atelier animé par P. FONTAINE, Lille & N. CHEVALIER, Nice
En matière de contrôle glycémique, les choix thérapeutiques effectués par les médecins diffèrent parfois des recommandations des autorités de santé, ce pour différentes raisons mises en évidence par une étude européenne, au premier rang desquelles le refus du patient puis le risque d’hypoglycémie(1).
Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, les hypoglycémies (HG) représentent le deuxième motif d’hospitalisation en urgence chez les patients de plus de 65 ans, juste après les accidents aux anticoagulants oraux(2). Il y a actuellement davantage d’hospitalisations pour HG que pour hyperglycémie(3). Le recours est plus important en cas d’insulinothérapie qu’en cas de traitement antidiabétique oral. La fréquence des HG était jusqu’ici mal évaluée dans la population diabétique. Selon une étude internationale, 83,4 % des diabétiques de type 1 et 50,8 % des diabétiques de type 2 (DT2) ont eu au moins une HG pendant le mois de suivi et, respectivement, 14,4 % et 8,9 % ont eu au moins une HG sévère (c’est-à-dire imposant le recours à un tiers pour le resucrage)(4). Des chiffres similaires ont été observés en France dans l’étude DIALOG(5). Chez les patients diabétiques de type 2, un antécédent d’hypoglycémie représente le facteur prédictif d’HG le plus important (OR = 3,52)(5,6). Le recours à un schéma insulinique est également un facteur prédictif d’HG, d’autant plus important que el schéma est complexe. Parmi les antidiabétiques oraux, les sulfamides hypoglycémiants sont les molécules les plus responsables d’HG avec un taux d’hospitalisation pour HG évalué à 5,6/1 000 patients-années sous sulfamides contre 1,4/1 000 sous i-DPP-4(6).
Dans la population des 80 ans et plus, 20 % des hospitalisations sont motivées par des hypoglycémies sévères (HGS)(7). Il existe une forte corrélation entre les HG sévères et le risque de survenue de complications macrovasculaires et de décès, en particulier chez les patients fragiles(8). On ignore toutefois si elles constituent un acteur direct ou un marqueur. Quoi qu’il en soit, la prise en charge thérapeutique du DT2 repose sur une approche globale et multidisciplinaire qui intègre l’éducation des patients et la prévention des complications.
La fréquence des HG étant d’autant plus importante que le contrôle glycémique est intensif, les inhibiteurs de la DPP-4 (gliptines) ont une place dans la stratégie thérapeutique du DT2 quand les HG sont ou deviennent une situation préoccupante dans la prise en charge du patient(9). La sitaglipine permet, dans certaines situations, d’obtenir un contrôle glycémique comparable à un sulfamide, avec un risque hypoglycémique très bas (5 % versus 32 %) et une neutralité pondérale(10). Contrairement aux autres inhibiteurs de la DPP-4, une grande étude de sécurité cardiovasculaire contre placebo chez plus de 14 000 patients diabétiques de type 2 en prévention secondaire a montré que la sitagliptine n’avait pas d’effets délétères en termes de mortalité et de morbi-mortalité cardiovasculaire(11).
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