Publié le 23 mar 2021Lecture 2 min
L’incidence des complications cardio-rénales ajustée à l’âge est plus élevée chez les patients DT1 que chez les patients DT2
Patrice DARMON, CHU La Conception, Marseille
Le diabète expose à un risque accru de maladies cardiovasculaires et rénales, mais les études permettant de comparer l’ampleur de ce sur-risque chez les patients présentant un diabète de type 1 (DT1) ou un diabète de type 2 (DT2) sont rares. L’objectif du travail de Kristófi et coll. est de comparer la prévalence et l’incidence des pathologies cardiovasculaires et rénales chez des patients adultes présentant un DT1 ou un DT2 à partir des données de registres nationaux en Suède et en Norvège.
L’analyse porte sur 59 331 patients DT1 (âge moyen 45,8 ans, femmes 42 %, complications microvasculaires 71,6 %, rétinopathie 58,6 %) et 484 241 patients DT2 (âge moyen 64,1 ans, femmes 43 %, complications microvasculaires 27,8 %, rétinopathie 13,9 %). Tous les patients ont été inclus dans l’étude le 31 décembre 2013 et ont été suivis pendant une durée médiane de 2,6 ans.
À l’inclusion, la prévalence des maladies cardiovasculaires est de 13,3 % chez les DT1 contre 26,2 % chez les DT2 mais cette différence disparaît lorsque l’on stratifie les données en fonction de l’âge ; ainsi, la prévalence des infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux et de l’insuffisance cardiaque est comparable entre patients DT1 et DT2 du même âge. À l’inverse, la prévalence des pathologies rénales est de 4,3 % chez les DT1 contre 3,3 % chez les DT2, et elle est plus élevée chez les DT1 dans toutes les tranches d’âge. Concernant la survenue de nouveaux événements au cours de la période de suivi, on retrouve un sur-risque d’insuffisance cardiaque chez les patients DT1 vs DT2 âgés de 65 à 79 ans (HR 1,31-1,39), un sur-risque d’infarctus du myocarde chez les DT1 vs DT2 âgés de 55 à 79 ans (HR 1,30-1,79) et un sur-risque d’accident vasculaire cérébral chez les DT1 vs DT2 âgés de 40 à 54 ans (HR 1,35-1,72). L’incidence des maladies rénales est toujours significativement plus élevée chez les patients DT1, en particulier chez les plus jeunes (HR 2,95 pour les 40-44 ans et 1,53 pour les 80-84 ans). À partir de 50 ans, le risque de décès est constamment plus élevé chez les DT1 que chez les DT2 (HR 1,21-1,45) et une tendance similaire se dessine pour la mortalité cardiovasculaire (HR 1,71 pour les 55-59 ans, 1,35 pour les 60-64 ans et 1,40 pour les 70-79 ans). Une analyse en sous-groupes montre que le sur-risque retrouvé dans le DT1 disparaît presque totalement chez les sujets indemnes de maladie cardio-rénale à l’inclusion alors que les résultats initiaux sont confirmés chez les patients ayant déjà un antécédent de pathologie cardiovasculaire ou rénale.
La principale limite de ce travail est l’absence d’ajustement pour la durée du diabète car cette donnée n’était pas disponible pour les patients DT2 des deux pays ainsi que pour les patients DT1 en Norvège. De fait, l’ancienneté médiane du DT1 des patients du registre suédois — 14 ans — est plus importante que la durée médiane du DT2 en Suède en 2013 rapportée dans une autre étude — 8 ans — et ceci pourrait expliquer une partie des résultats observés. Le recours bien plus fréquent aux traitements cardio- et néphroprotecteurs dans la cohorte des DT2 est une autre piste envisageable. Quoi qu’il en soit, les conclusions de ce travail doivent nous inciter à optimiser la prise en charge de tous les facteurs de risque cardiovasculaire chez nos patients DT2, mais aussi chez nos patients DT1.
Publié par Diabétologie Pratique
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :