Diabéto-Cardio
Publié le 20 juin 2023Lecture 3 min
La durée du diabète est un déterminant important de l’insuffisance cardiaque dans le diabète
Jean-Louis SCHLIENGER, Strasbourg
La « cardiomyopathie diabétique » menant à une insuffisance cardiaque (IC) indépendamment de toute atteinte coronarienne, d’hypertension artérielle ou de valvulopathie a été décrite il y a une cinquantaine d’années par S. Rubler (Am J Cardiol 1972) mais ce n’est que récemment que se sont accumulées les preuves que le diabète est bel et bien un facteur de risque d’IC. À présent, alors que l’effet bénéfique inattendu des iSGLT2 a mis en lumière la fréquence de l’IC dans le diabète, il est établi que l’IC est la deuxième cause de maladie cardiovasculaire chez les personnes atteintes de diabète de type 2.
Cette étude de cohorte s’est fixée pour objectif de vérifier si, comme pour les autres complications chroniques du DT2, le contrôle glycémique et la durée du diabète étaient des indices prédictifs importants et distincts de l’IC comme l’avaient suggéré des études récentes. La cohorte britannique était constituée de 23 754 personnes atteintes de DT1 ou de DT2 âgées en moyenne de 61 ans dont 17 % présentaient des antécédents de maladie coronarienne mais tous exempts d’IC. Les données étaient issues de la UK Biobank et la médiane de suivi était de 11,7 ans. Durant cette période 2 081 cas incidents d’IC ont été diagnostiqués sur des critères cliniques, biologiques et d’hospitalisation, le contrôle glycémique étant évalué par le taux d’HbA1c. L’ancienneté du diabète était associée à un risque plus élevé d’IC selon une relation dose-réponse (p < 0,001) (figure) ; une durée de plus de 15 ans était associée à un RR = 1,32 (IC95% : 1,15-1,53) après un ajustement multifactoriel. Un contrôle glycémique insuffisant était également associé à un risque plus élevé d’IC (p < 0,001) avec un RR de 1,46 (IC95% : 1,30-1,65) pour une HbA1c > 8 %. L’association positive du risque d’IC avec la durée du diabète, constatée quel que soit le statut glycémique, était évidemment plus forte lorsque le contrôle glycémique était médiocre (interaction = 0,026) (figure). L’analyse conjointe de la durée du diabète et du contrôle glycémique montrait qu’un diabète insuffisamment contrôlé (HbA1c > 8 %) évoluant depuis plus de 15 ans exposait à un risque d’IC 2 fois supérieur à un diabète datant de moins de 5 ans avec une HbA1c < 8 % , indépendamment de l’âge, du sexe ou de l’ethnie, même après exclusion des sujets DT1 ou décédés sans IC au cours du suivi.
Cette étude de cohorte démontre : 1) qu’une longue durée d’évolution du diabète et un contrôle glycémique insuffisant sont associés à un risque plus élevé d’IC ; 2) que la durée du diabète interagit avec les taux d’HbA1c sur le risque d’IC ; 3) que la durée du diabète et les taux d’HbA1c améliorent la prédiction du risque à long terme d’IC en plus des facteurs de risque classiques d’IC. Ces résultats sont concordants avec les résultats des études épidémiologiques montrant que la durée du diabète est un déterminant des complications macro- ou microvasculaires, indépendamment des facteurs de risque métaboliques. L’effet multiplicatif de la durée du diabète et du contrôle glycémique sur le risque d’IC, doit inciter à renforcer les objectifs thérapeutiques chez les sujets diabétiques de longue date et à inclure la durée du diabète dans les outils de prédiction du risque d’IC.
Figure 1. Relation croisée entre la durée et le contrôle du diabète sur le risque d’insuffisance cardiaque après ajustement sur l’âge, le sexe, l’IMC, le tabac, la PA systolique, la fréquence cardiaque, la filtration glomérulaire, les antécédents coronariens et les traitements antidiabétiques et antihypertenseurs.
Publié par Diabétologie Pratique
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