Rythmologie et rythmo interventionnelle
Publié le 22 déc 2023Lecture 3 min
Actualités de la rythmologie au congrès du CNCF
Jérôme SCHWARTZ, Clinique Pasteur, Essey-lès-Nancy
À l’occasion des 35 ans du congrès du CNCF, nous vous proposons une sélection des sessions rythmologiques, orientées vers la pratique au quotidien du cardiologue.
Fibrillation atriale
La prise en charge de la fibrillation atriale (FA) occupe toujours une place importante dans les sessions.
Ablation
Lorsque la FA est symptomatique, F. Halimi rappelle que l’ablation devient le traitement de premier choix, voire de première ligne chez des patients sélectionnés, jeunes et ne souhaitant pas de traitement au long cours.
Elle améliore le maintien du rythme sinusal en comparaison au traitement antiarythmique, que ce soit pour les formes paroxystiques ou persistantes, améliore la qualité de vie, et sera d’autant plus efficace qu’elle est réalisée précocement.
Les patients insuffisants cardiaques profitent eux aussi de la restauration du rythme sinusal (CASTLE AF), notamment ceux qui ont développé une cardiomyopathie rythmique, et ce d’autant plus chez les patients les plus sévères(1) en améliorant nettement la survie et le recours à la greffe ou à l’assistance. L’étude EAST-AFNET 4 a permis de démontrer, non seulement un bénéfice rythmique, mais aussi un gain de pronostic qui s’étendrait même aux patients asymptomatiques, ce qui pourrait élargir le champ des indications. Un soin particulier sera donné à la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires associés (HTA, diabète, apnée du sommeil, obésité…) et à l’accompagnement thérapeutique.
FA asymptomatique
La détection d’arythmies atriales (FA, flutters, épisodes atriaux de haute fréquence), par les prothèses cardiaques ou par les montres connectées, devient une situation courante dans nos consultations. La question du traitement suite à la découverte d’une arythmie atriale infraclinique a été débattue par N. Lellouche durant ce congrès, en s’appuyant sur les résultats récents de NOAH-AFNET 6(2) (figure 1) démontrant qu’il n’y a pas d’intérêt à prescrire un traitement anticoagulant (édoxaban) de manière systématique aux patients présentant un épisode d’arythmie atriale d’au moins 6 minutes détecté par les mémoires d’un défibrillateur ou d’un stimulateur, avec même un sur-risque hémorragique. Les résultats d’ARTESIA attendus à l’AHA permettront peut-être de trancher définitivement la question.
Figure 1. Résultats de l’étude NOAH-AFNET 6 (NEJM, 2023).
Vie quotidienne et prothèses cardiaques
Conduite automobile et rythmologie
J. Taieb a repris l’arrêté du 28 mars 2022 modifiant les règles pour la conduite automobile en étant plus contraignant et restrictif notamment pour le groupe lourd. Le médecin a la responsabilité d’informer son patient de la nécessité de consulter un médecin agréé avant de reprendre la conduite et doit le consigner dans le dossier médical.
Cet arrêté définit 2 catégories de conducteurs (tableau 1) : le groupe léger et le groupe lourd qui regroupe, notamment les chauffeurs poids lourds, mais aussi les chauffeurs de taxis ou VTC.
Pour ce groupe lourd, la contre-indication à la conduite sera définitive en cas de QT long, de syndrome de Brugada (avec syncope), de cardiopathie hypertrophique avec critères de sévérité, d’indication à un défibrillateur cardiaque (qu’il soit posé ou non) et même après le port d’une LifeVest (même si la cause est réversible).
Dans le groupe léger, la CI est temporaire tant que les arythmies ventriculaires ne sont pas contrôlées ou durant le port d’une LifeVest, ainsi qu’au minimum 2 semaines après l’implantation d’un pacemaker, et 4 semaines (prévention primaire) ou 12 semaines (prévention secondaire) pour les défibrillateurs.
Interférences médicales et extra-médicales
Dans la vie quotidienne, O. Piot a rappelé que les patients porteurs d’un implant peuvent être soumis à des interférences extérieures avec risque de surrection ou d’inhibition des thérapies. Dans l’environnement public, ils n’ont pas de risque significatif lié à la recharge des voitures électriques, y compris avec des chargeurs haute intensité(3). Les précautions habituelles restent de mise, notamment pour les plaques à induction (éloignement de plus de 30 cm), et ils doivent éviter de stationner dans les portiques de sécurité. Dans l’environnement médical, l’usage de l’aimant lors de l’utilisation d’un bistouri électrique est à conseiller, et pour les séances de radiothérapies (notamment si la dose est > 5 Gy), il est nécessaire d’utiliser une protection plombée, et parfois d’effectuer un contrôle avant et après les séances notamment pour les patients dépendants.
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