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Diabéto-Cardio

Publié le 18 mar 2024Lecture 3 min

L’indice glycémique et la charge glycémique sont des déterminants pertinents du risque cardio-métabolique - Pour en finir avec un débat récurrent

Jean-Louis SCHLIENGER, Strasbourg

L’indice glycémique (IG)* et la charge glycémique (CG)* qui expriment le pouvoir hyperglycémiant des aliments font partie de la trousse à outil des nutritionnistes depuis leur « invention » par David J. Jenkins en 1981. Leur pertinence est fondée sur plusieurs méta-analyses suggérant l’existence d’associations significatives entre une alimentation à faible IG et faible CG et la moindre incidence du diabète et des affections associées. Pourtant, le débat quant au rôle préventif de l’IG et de la CG a été relancé par une méta-analyse récente parrainée par l’OMS affirmant que le niveau de preuve de ces associations est faible ou très faible puisque les études observationnelles disponibles étaient entachées de biais, d’imprécisions et même d’incohérences(1,2) ! Piqués au vif, Jenkins et l’infatigable épidémiologiste de la nutrition Walter C. Willett sont remontés au créneau pour répondre à leurs détracteurs par une nouvelle méta-analyse de giga-cohortes prospectives (≥ 100 000 participants) afin d’obtenir une puissance statistique suffisante et minimiser la variabilité observée avec les « petites » études.

La méta-analyse a porté sur 71 études issues de 10 grandes cohortes de 104 000 à 567 000 participants sélectionnées rigoureusement selon la méthode Cochrane, dont 48 faisaient état d’associations entre l’IG ou la CG. Les quartiles les plus bas et les plus élevés d’IG (moyennes respectives de 58 et 67) et de CG (116 et 180) ont été comparés pour définir les risques relatifs après ajustement (âge, sexe, corpulence, antécédents familiaux, apport énergétique, activité physique et consommation de tabac et d’alcool). La même démarche a été effectuée avec les régimes riches en fibres. Les critères de jugement principaux étaient le diabète de type 2 incident, les maladies cardiovasculaires, les cancers liés au diabète (vessie, sein, colorectal, endomètre, hépatique, pancréas et lymphomes non hodgkiniens) et la mortalité toutes causes.  La consommation d’aliments à IG élevé était associée à une incidence accrue de DT2 (RR = 1,27 ; IC95% : 1,21-1,34 ; p < 0,0001), de maladies cardiovasculaires (RR = 1,15  ; p < 0,0001), de cancers (RR = 1,05 ; p = 0,0010) et de mortalité toutes causes (1,08 ; p < 0,0001) (figure 1). Des associations comparables ont été observées entre une alimentation à CG élevée et le diabète (RR 1,15 ; p < 0,0001) et les maladies cardiovasculaires (1,15 ; p < 0,0001). La CG basse qui est pourtant un meilleur prédicteur de la glycémie post-prandiale que l’IG, n’est pas significativement associée à une réduction de la mortalité et des cancers liés au diabète. La comparaison de l’alimentation à IG bas et l’alimentation riche en fibres au sein des mêmes cohortes a fourni des résultats comparables. Les associations entre les régimes riches en fibres et en céréales complètes étaient similaires à celles des régimes à IG bas avec un avantage pour la mortalité totale pour ces derniers (figure 2). Ainsi, les aliments à faible IG riches en fibres et les aliments manufacturés à faible IG et à faible teneur en fibres sont associés aux mêmes avantages à long terme. Jenkins et ses collègues fournissent de nouveaux arguments solides en faveur de l’effet bénéfique d'un régime à faible IG sur l’incidence du DT2, des maladies cardiovasculaires, des cancers liés au diabète et de la mortalité toutes causes confondues. Les avantages  d’un régime à faible IG sont similaires à ceux obtenus par un régime riche en fibres et en céréales complètes prôné par l’OMS. L’IG est un indicateur qualitatif des glucides ayant toute sa place dans les recommandations nutritionnelles pour la prévention des maladies cardiométaboliques et de certains cancers. Ces résultats sont de nature à clore le débat. *L’IG (échelle de 0 à 100) traduit l’augmentation de la glycémie post-ingestion d’un aliment comportant des glucides par rapport à un aliment de référence d’IG 100 (glucose ou pain blanc). *La CG = IG x quantité de glucide par portion/100. Figure 1. Indice glycémique élevé et risque de DT2, maladies cardio- et cérébro-vasculaires, cancers liés au diabète et mortalité. Figure 2. Risque relatif comparé entre une alimentation à faible IG ou à forte teneur en fibre. Avantage à l’UG bas pour la mortalité toutes causes. Jenkins DJA et al. Association of glycaemic index and glycaemic load with type 2 diabetes, cardiovascular disease, cancer, and all-cause mortality: a meta-analysis of mega cohorts of more than 100 000 participants. Lancet Diabetes Endocrinol 2024 ; 12 : 107-18. Publié par Diabétologie Pratique

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