Publié le 24 avr 2024Lecture 4 min
Une rémission temporaire du diabète au cours de l’étude Look AHEAD limite le risque des complications cardiovasculaires et rénales
Bernard BAUDUCEAU, Saint-Mandé
L’objectif de l’étude Look AHEAD (Action for Health in Diabetes) était de déterminer le bénéfice cardiovasculaire d’une intervention hygiéno-diététique intensive chez des patients diabétiques de type 2, obèses ou en surpoids, au cours d’un suivi de 12 ans. Au total, 5 145 patients ont été randomisés, 2 575 dans le groupe standard et 2 570 dans le groupe intensifié, dans 16 centres aux USA.
Dans le groupe intensif, l’objectif était une perte de 7 % du poids initial au bout d’un an, résultat qui devait se maintenir par la suite. Les apports caloriques variaient entre 1 200 et 1 800 kcal/j avec moins de 30 % provenant des lipides. L’objectif de l’activité physique était d’au moins 175 minutes/semaines.
Les caractéristiques à l’inclusion étaient comparables dans les 2 groupes avec 59,8 % de femmes, un âge moyen de 58,7 ans, un IMC de 36 kg/m2, une durée de diabète de 6,8 ans et une HbA1c de 7,3 %.
La prescription d’antidiabétiques oraux, d’insuline et d’anti-hypertenseurs a été significativement réduite dans le groupe intensif et une plus forte proportion de ces patients est parvenue aux objectifs d’HbA1c < 7 % (57,4 % versus 51,1 % dans le groupe standard ; p < 0,001).
Cette étude confirmait donc le bénéfice d’une intervention agressive sur les facteurs hygiéno-diététiques, à la fois sur la perte de poids et sur certains facteurs de risque cardiovasculaire. Cependant, ces résultats avaient tendance à s’estomper avec le temps.
La rémission du diabète après une chirurgie bariatrique est suivie d'une incidence plus faible des maladies cardiovasculaires et de l’insuffisance rénale chronique. Cependant, cette technique permet une normalisation de la glycémie beaucoup plus importante et à plus long terme que la rémission obtenue grâce à une intervention sur le mode de vie.
Ce travail publié en janvier 2024 dans Diabetologia visait à déterminer si l'obtention d'une rémission du diabète lors d’une intervention intensive sur le mode de vie entraînait une diminution de l'incidence de la maladie rénale chronique (MRC) et des maladies cardiovasculaires.
Dans ce but, l'incidence de ces complications a été observée chez les participants en fonction de l'obtention et de la durée de la rémission du diabète. Cette rémission du diabète, notée à un moment donné du suivi, était définie par l’absence de la prise de médicaments hypoglycémiants et d’une HbA1c < 6,5 %.
Dans la population étudiée comportant 4 488 participants après élimination des sujets qui n’ont pas pu être suivis ou qui ont fait l’objet d’une chirurgie bariatrique, 12,7 % des personnes ont présenté une rémission lors d’au moins une visite de suivi. Dans le groupe intensif, la prévalence de la rémission était de 11,2 % la première année et diminuait d'environ 0,7 % chaque année, tandis que celle du groupe standard restait aux environs de 2 %. Ainsi à la quatrième année, la prévalence des rémissions était 3,5 fois plus élevée dans le groupe intensif (7,2 % versus 2,1 %). À la 12e année, cette prévalence restait encore environ deux fois plus élevée dans le groupe intensif (3,7 % versus 1,95 %).
La MRC était définie sur la base des critères KDIGO (Kidney Disease Improving Global Outcomes) et l'incidence des maladies cardiovasculaires comme la survenue d'un infarctus du myocarde, d'un accident vasculaire cérébral, d'une hospitalisation pour un angor ou d’un décès par maladie cardiovasculaire.
Dans des analyses multivariées ajustées sur l'HbA1c, la PA, les taux de lipides, les antécédents de maladies cardiovasculaires et la durée du diabète, les participants qui avaient présenté une rémission au cours du suivi ont obtenu, par rapport aux participants sans rémission, une diminution de la fréquence de la MRC de 33 % (HR = 0,67 ; IC 95% : 0,52-0,87) et une baisse de 40 % d’un critère composite des complications cardiovasculaires (HR = 0,60 ; IC 95% : 0,47-0,79). L’ampleur de la réduction du risque de MRC ou des maladies cardiovasculaires était plus importante chez les participants qui avaient présenté une plus longue rémission.
Ainsi, la constatation d’une période de rémission du diabète de type 2 augure d’une diminution de fréquence de la MRC et des complications cardiovasculaires. Ce fait peut être la conséquence des améliorations après l’inclusion, du poids, de la forme physique, de l'HbA1c et du LDL-cholestérol.
Comme les rémissions sont globalement 5 fois plus fréquentes chez les patients ayant fait l’objet d’une intervention hygiéno-diététique intensive, il semble très probable que ces mesures non médicamenteuses jouent un rôle essentiel dans la prévention des complications rénales et cardiovasculaires. Ce fait doit donc encourager patients et soignants à promouvoir une diététique et une activité physique adaptées à la personne.
Publié par Diabétologie Pratique
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