Rythmologie et rythmo interventionnelle
Publié le 25 oct 2005Lecture 2 min
Analyse critique de ISSUE II
J.-J. BLANC, hôpital de la Cavale Blanche, Brest
ESC
Cette étude, menée par l’infatigable pèlerin de la syncope qu’est le Dr Brignole, se proposait d’analyser l’efficacité du traitement de ce symptôme en fonction des résultats de l’enregistrement de l’électrocardiogramme au cours de la syncope (holter implantable). Mon rôle ne consiste évidemment pas à reprendre les résultats favorables de ce travail, mais à mettre en lumière ses zones d’ombre.
Trois éléments sont à souligner d’emblée
• Les patients inclus avaient un âge moyen de 66 ans donc étaient relativement « âgés ».
• Ils avaient tous une très forte suspicion clinique de syncope réflexe (à l’exclusion du syndrome du sinus carotidien).
• L’étude a été menée de façon rigoureuse sur le plan méthodologique, avec en particulier une indépendance totale entre les investigateurs et le promoteur (MEDTRONIC).
Sur 417 patients ayant les critères d’inclusion (en particulier ayant eu au moins 3 syncopes « réflexe » dans les 2 ans précédents), seuls (ou au moins) 106 ont eu une récidive dans l’année suivante et enregistrée par l’appareil implanté (25,4 %). Dans 36 cas, le rythme pendant la syncope était sinusal, faisant conclure à un très probable mécanisme vasoplégique. Dans seulement 70 cas, les patients étaient donc éligibles pour un traitement possiblement efficace, basé sur le résultat du holter implantable (17 %). Dans 9 cas, il s’agissait de tachyardies mais dans 61 (91 %) d’une pause sinusale prolongée ou d’une bradycardie sinusale prononcée, un résultat somme toute attendu chez des patients ayant une syncope réflexe.
Sur les 103 patients qui ont finalement eu un traitement (il faut souligner l’absence de randomisation), 47 ont eu un stimulateur cardiaque et 50 « rien » dont 13 avaient cependant eu une pause sinusale significative mais, pour diverses raisons (en particulier refus), n’avaient pas été implantés.
Les résultats sont en faveur de l’implantation et cela est indiscutable, mais toujours dans mon rôle de découvreur de vices cachés, il faut finalement implanter 700 holters, 100 stimulateurs pour éviter 28 syncopes non traumatisantes pendant un suivie de 10 +/- 7 mois.
Je laisse chacun méditer ces chiffres et en dégager les conséquences qu’il lui semble bon de tirer pour sa pratique quotidienne. En ce qui me concerne, et je pense être dans ce cas relativement consensuel, une meilleure sélection des patients à implanter ne serait pour le moins pas inutile !
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