Publié le 01 fév 2011Lecture 3 min
Reprise du travail après chirurgie de pontages coronariens
C. MONPÈRE, Centre de réadaptation cardiaque Bois Gibert, Tours
La consultation d’aptitude à la reprise du travail fait partie du « cahier des charges » des programmes de réadaptation cardiaque. Le taux de réinsertion professionnelle est un des critères médico-économiques d’évaluation de cette réadaptation.
Les variables intervenant dans l’évaluation de l’aptitude
Des variables médicales : il s’agit pour l’essentiel du degré de revascularisation coronaire, de la fonction ventriculaire gauche, de la symptomatologie résiduelle (angor, dyspnée) et des capacités fonctionnelles. Le délai de la reprise est souvent plus long par comparaison aux patients après un syndrome coronaire aigu, en raison de la cicatrisation sternale (3 à 4 mois), notamment en cas de professions avec manutention. Les effets secondaires postchirurgicaux (anémie, fatigue, troubles mnésiques, syndrome pleuro-péricardique, etc.) peuvent également retarder la reprise.
Des variables socio-démographiques et psychologiques : l’âge est un facteur déterminant dans la décision de reprise du travail ; l’âge moyen dans les populations pontées classiquement plus élevé qu’après un syndrome coronaire aigu, est un paramètre défavorable à la reprise. Inversement, un niveau d’éducation élevé, souvent corrélé avec une faible pénibilité physique et à des possibilités de reconversion, favorise la reprise du travail. Enfin, les aspects psycholog<iques, souvent négligés, semblent avoir une place prépondérante : l’opinion subjective négative du patient sur son état de santé, un état dépressif préexistant, une insatisfaction ou un stress au poste de travail, sont des indicateurs forts de non-reprise bien supérieurs aux variables médicales objectives(1-3).
Des variables professionnelles : les contraintes du poste de travail doivent bien sûr être analysées : charges physiques, horaires, déplacements, stress et si possible dépense énergétique moyenne. Certains postes à risque particulier (chauffeurs professionnels, travailleurs sur pylônes électriques, pilotes, etc.) doivent répondre aux exigences réglementaires en termes d’aptitude, notamment cardiovasculaire.
Les raisons de non-reprise
Au terme de cette évaluation, on estime que 20 % seulement des raisons de non-reprise de travail sont liées à des facteurs médicaux, 29 % à des facteurs psychologiques et 45 % en raison de l’âge et de facteurs socio-économiques(4). Le taux de reprise de travail à long terme varie de 67,5 % à 79 %(5-7), soit un chiffre comparable à celui retrouvé après revascularisation endocoronaire. En effet, si le délai de reprise de travail est plus rapide dans ce dernier cas d’environ 6 semaines comparés au post-syndrome coronaire aigu, en revanche dès le 5e mois, les taux sont identiques(6,8,9).
Enfin, dans tous les cas et particulièrement dans les cas litigieux, le salarié doit être invité à demander à son médecin du travail, une visite de préreprise. Cette dernière permet de faciliter la réinsertion, notamment en cas de nécessité d’adaptation de poste ou de reconversion.
En raison de sa durée et des compétences multidisciplinaires rassemblées, la réadaptation cardiovasculaire est un moment idéal pour évaluer objectivement et rassurer le patient dans la majorité des cas sur ses possibilités de reprise de travail. Une attention toute particulière devra être portée aux patients à haut risque de non-reprise : âge > 50 ans, bas niveau d’éducation, faibles capacités d’effort, travail manuel, insatisfaction au travail et/ou syndrome anxio-dépressif.
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