Publié le 26 fév 2008Lecture 3 min
Un vaccin contre l'hypertension artérielle ?
M. AZIZI, Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris,
Les Journées d'HTA
Une nouvelle approche thérapeutique originale basée sur une vaccination contre l’angiotensine II chez des patients hypertendus a été rapportée par Tissot et coll. (Suisse). En effet, malgré la disponibilité de nombreux médicaments antihypertenseurs, l’objectif tensionnel est rarement atteint chez les patients hypertendus, probablement en partie en raison d’une non-observance au traitement.
Les tentatives d’immunisation contre le système rénine-angiotensine ont démarré il y a environ 25 ans. La première approche a été une immunisation active contre la rénine obtenue chez le singe et le rat. Chez ces animaux, l’immunisation contre la rénine entraînait une baisse de pression artérielle et une forte sensibilité à la déplétion sodée. Les animaux développaient aussi une maladie immunologique intrarénale et cette voie d’immunisation a été abandonnée. Des alternatives successives ont tenté d’immuniser des animaux puis des sujets sains contre l’angiotensine I, et plus récemment contre l’angiotensine II. La tentative d’immunisation contre l’angiotensine I s’est soldée par un échec caractérisé par l’apparition d’anticorps qui n’avaient pas d’efficacité tensionnelle ni biologique.
Une première étude avec le vaccin CYT006-AngQB, dirigé contre l’angiotensine II, avait déjà été rapportée chez le volontaire sain et démontrait sa tolérance et l’efficacité de la réponse immune avec une production d’anticorps.
L’étude présente rapporte un essai de phase 2A chez des patients hypertendus. Il s’agit d’un essai multicentrique en double aveugle, randomisé chez 72 patients ayant une hypertension artérielle légère à modérée, qui ont reçu 3 injections vaccinales de 100 ou 300 µg ou un placebo, réalisées aux semaines 0, 4 et 12. L’évaluation du bénéfice tensionnel était réalisée par mesure ambulatoire de pression artérielle obtenue avant puis 14 semaines après traitement. L’administration du vaccin était bien tolérée. Les effets secondaires les plus fréquents étaient une réaction locale légère au site d’infection ou la survenue de symptômes d’allure grippale présents chez 10 % des participants, se résolvant en 1 à 2 jours après injections. Tous les patients ayant reçu le vaccin ont présenté une forte réponse anticorps contre l’angiotensine II après la première injection amplifiée par les injections successives. L’augmentation des concentrations d’anticorps était dépendante de la dose. La réponse anticorps était réversible avec une demi-vie de 3 à 4 mois pour la plus forte dose (300 µg).
Les patients ayant reçu l’injection de 300 µg de vaccin, avaient une baisse significative de pression artérielle systolique et diastolique comparée aux valeurs de base et au placebo. Ainsi, la baisse de pression systolique en mesure ambulatoire de 24 heures était de 7 mmHg en moyenne, et la baisse de pression artérielle diastolique était de 4 mmHg pour une baisse sous placebo de 1 et 2 mmHg respectivement. L’élévation matinale de la pression artérielle était fortement réduite avec une différence par rapport au placebo de -26/-11 mmHg. Les injections étaient associées à une activation du système rénine-angiotensine par interruption du feedback négatif de l’angiotensine II sur la sécrétion de rénine.
Ces résultats très intéressants laissent envisager la possibilité de tester le vaccin chez une plus large population de patients. Il reste néanmoins à évaluer la tolérance immunologique à long terme de ce type d’approche thérapeutique qui pourrait être extrêmement intéressante.
D’après la communication de J. Nussberger, Lausanne
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