Publié le 01 nov 2021Lecture 3 min
La colchicine pour la prévention secondaire des événements ischémiques au long cours en post-infarctus - Oui, mais pas à la phase aiguë de l’infarctus !
Nathan MEWTON et coll., CHU de Lyon
D’après leur présentation au congrès annuel de l’ESC 2021 des résultats de l’étude prospective randomisée en double aveugle COVERT-MI avec publication simultanée dans Circulation
Cette étude académique multicentrique française a testé l’efficacité d’un traitement oral court par colchicine à la posologie de 1 gramme par jour pendant 5 jours et commencé au moment de la reperfusion en salle de coronarographie chez des patients pris en charge pour infarctus avec sus-décalage du segment ST en comparaison avec un placebo.
L’objectif était de cibler la réponse inflammatoire qui survient dans les premiers jours au sein du myocarde lésé après reperfusion. Le critère de jugement principal était la taille d’infarctus mesurée à 5 jours en IRM cardiaque avec rehaussement tardif après injection de gadolinium. Les critères de jugement secondaires comprenaient l’incidence et la taille de l’obstruction microvasculaire en IRM à 5 jours, le degré de remodelage ventriculaire (pourcentage de variation du volume télédiastolique du ventricule gauche) entre 5 jours et 3 mois en IRM cardiaque, la fraction d’éjection ventriculaire gauche à 3 mois et l’incidence des thrombus intraventriculaires gauches à 5 jours. L’étude a bénéficié d’un recrutement très dynamique sur 2,5 ans dans 10 centres français (2017-2020). Au total, 192 patients ont été ainsi randomisés et 80 % d’entre eux ont eu une IRM réalisée à 5 jours et 3 mois, avec relecture centralisée. Il n’y avait pas de différence dans les caractéristiques cliniques et les modalités de revascularisation en urgence entre les deux groupes. Un tiers des patients dans le groupe colchicine présentaient les effets indésirables digestifs attendus liés à la colchicine, mais aucun autre effet indésirable majeur.
Comme présenté dans la figure 1, il n’y avait pas de différence significative sur la taille d’infarctus entre le groupe colchicine et le groupe placebo. Il n’y avait pas non plus de différence sur l’obstruction microvasculaire, le remodelage ventriculaire, et la fraction d’éjection ventriculaire gauche à 5 jours et à 3 mois.
En revanche, de façon inattendue, nous avons observé une incidence de thrombus intraventriculaire gauche significativement plus élevée dans le groupe colchicine (22 %) que dans le groupe placebo (7 %). Ce taux de thrombus 3 fois plus élevé dans le groupe colchicine que dans le groupe placebo était sans conséquence sur l’incidence d’embolies systémiques ultérieures.
Cette étude neutre ne confirme pas les résultats préliminaires présentés en 2015 par Deftereos et coll. avec un design identique.
La colchicine à 1 g/j pendant 5 jours prescrite à la phase aiguë d’un STEMI n’a pas d’effet protecteur sur les lésions myocardiques et pourrait même avoir un effet délétère.
La cible thérapeutique de l’inflammation chronique associée à l’athérosclérose dans une population post-infarctus chronique à une dose de 0,5 mg/jour dans les études COLCOT et LODOCO2 était très différente. Notre étude ne remet donc pas en cause les résultats présentés dans ces études et qui ont été intégrés dans les nouvelles recommandations européennes concernant la prévention secondaire.
L’étude COVERT-MI confirme la complexité et les mystères de cette réaction inflammatoire post-infarctus. Elle nous encourage encore plus à étudier et comprendre les mécanismes de cette réaction afin de proposer des solutions efficaces permettant de limiter les lésions myocardiques post-infarctus.
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