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Diabéto-Cardio

Publié le 20 mar 2024Lecture 3 min

Prédire son avenir cardio-réno-métabolique grâce au « online PREVENT calculateur »

Louis MONNIER, Montpellier

Dans un article paru dans le numéro du mois de décembre 2023 du journal Circulation, un comité d’experts vient, au nom de l’American Heart Association (AHA), d’actualiser les équations permettant de prédire le risque cardiovasculaire global intégrant à la fois les risques cardiovasculaires, rénaux et métaboliques. Ainsi, au classique risque cardiovasculaire qui se limitait aux maladies cardiaques, aux affections vasculaires et à l’insuffisance cardiaque, les auteurs ont rajouté les risques rénaux et métaboliques en se basant sur le fait qu’ils sont tous conditionnés par des facteurs communs qui répondent à des mesures thérapeutiques nutritionnelles et pharmacologiques, elles-mêmes communes. C’est à partir de cette réflexion que l’AHA a construit cette nouvelle entité « le Cardiovascular-Kidney-Metabolic » syndrome désigné par l’acronyme CKM.

Ce nouveau syndrome est en partie censé remplacer l’ancien syndrome plurimétabolique car le socle central sur lequel il repose reste toujours l’obésité dans sa variété dite « dysfonctionnelle », qualificatif qui semble correspondre à ce que d’autres ont déjà appelé antérieurement les « obésités métaboliquement malsaines », c’est-à-dire accompagnées par une hypertension, un diabète, des désordres lipidiques, un état inflammatoire de « bas grade ». C’est ainsi que les risques liés au CKM doivent être interprétés à partir de toute une série de facteurs qui constituent la base des équations du modèle PREVENT : l’âge, le sexe, la pression artérielle, le taux de cholestérol, la présence d’un diabète, la consommation de tabac, la fonction rénale et l’usage de médicaments destinés à contrôler certains de ces facteurs : statines, antidiabétiques, antihypertenseurs… (figure 1). La déclaration de l’utilisation de ces médicaments est importante car ils ont une action préventive ou curative. À titre d’exemple, il faut citer l’action préventive cardiovasculaire et rénale des iSGLT2 (gliflozines) et des incrétomimétiques (agonistes des récepteurs du GLP-1) dont il est maintenant prouvé qu’ils ont un effet protecteur spécifique qui dépasse leur simple action hypoglycémiante. C’est pour cette raison que sur le premier cercle interne représenté sur la figure 1 est venu se greffer un deuxième cercle externe comportant l’usage des médicaments, mais aussi les informations sur la fonction rénale (microalbuminurie ou mieux le rapport albumine/créatinine), sur l’équilibre glycémique (HbA1c) et sur les déterminants sociaux de la santé du sujet (figure 1). Figure 1. Base des équations du modèle PREVENT.   En fonction du nombre de facteurs de risque (allant de 1 à 5) ont été établies des courbes prédictives d’événements cardiovasculaires chez l’homme et chez la femme en fonction de l’âge en partant d’un âge index de 30 ans (un exemple est donné sur la figure 2 : courbes cumulatives du risque d’accidents cardiovasculaires totaux chez les sujets de sexe féminin). Les autres courbes cumulatives prédictives pour les personnes de sexe masculin, pour l’insuffisance cardiaque et les maladies cardiovasculaires par athérosclérose sont données dans l’article original. Figure 2. Risque de maladie cardiovasculaire chez le sujet de sexe féminin en fonction du nombre de facteurs de risque à partir d’un âge index de 30 ans. Les niveaux optimaux de risque (risque de 0 % à l’âge index de 30 ans) sont définis de la manière suivante : Cholestérol non HDL = 1,35 g/L Pression artérielle systolique = 120 mmHg Absence de diabète Pas d’utilisation de médicaments à visée préventive Filtration glomérulaire = 90 mL/min/1,73 m2 Le haut risque est défini de la manière suivante : Cholestérol non HDL ≥ 2,23 g/L Pression artérielle systolique ≥ 150 mmHg Présence d’un diabète Consommation régulière de tabac Filtration glomérulaire < 45 mL/min/1,73 m2 Par ailleurs, il est possible de modifier la trajectoire du risque quand les facteurs de risque sont correctement pris en charge, la réduction du risque étant d’autant plus importante que le risque avant traitement était plus élevé. Si vous avez eu le courage d’arriver jusque-là dans la lecture de cette newsletter, il ne vous reste plus qu’à tester pour vous-même ou pour vos patients le « PREVENT online calculator » directement accessible par Google. Publié par Diabétologie Pratique

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