Prévention et protection
Publié le 13 fév 2007Lecture 4 min
L'indice oméga 3 : un indice fonctionnel du niveau de la protection CV
F. MARTIN et A. BURCKEL, Paris
Les acides gras oméga 3 à longue chaîne (EPA et DHA) possèdent des propriétés antiarythmiques, hypotriglycéridémiantes et anti-inflammatoires qui leur confèrent des effets bénéfiques en termes de santé. La consommation de poissons gras ou la complémentation en huile de poisson est, par exemple, associée à une réduction du risque de mort subite plus importante que celle liée à l’utilisation de défibrillateurs. Des points de vue clinique et scientifique, la mort subite d’origine cardiaque représente un problème majeur et non résolu, responsable de plus de la moitié des décès d’origine cardiovasculaire (CV). De plus, 50 % des morts subites se manifestent chez des individus sans aucun antécédent cardiovasculaire. Cependant, les études ayant évalué l‘intérêt des oméga 3 divergent dans leurs conclusions.
Oméga 3 et risque cardiovasculaire
Différentes études ayant conclu de façon inconstante en termes de protection CV par les oméga 3, des revues de synthèse ont cherché à identifier l’origine des divergences et insistent sur la nécessité de connaître le niveau initial du risque CV global et la consommation en oméga 3 des sujets pris en charge. Lorsqu’il existe des facteurs de risque CV et un déficit en oméga 3, l’effet bénéfique des oméga 3 sur le risque de mortalité cardiaque est toujours significatif.
Harris et al. ont validé l’indice oméga 3, teneur en EPA et DHA des membranes des globules rouges reflétant celles des cardiomyocytes, comme biomarqueur de la consommation de poissons gras ou d’huile de poisson et facteur de risque CV supplémentaire.
Mesure de l’indice oméga 3
Le profil des acides gras des globules rouges (% de chaque acide gras présent dans la membrane) peut être obtenu à partir d’un échantillon sanguin par chromatographie en phase gazeuse. L’indice oméga 3 correspond à la somme des teneurs en acide eicosapentaénoïque (EPA) et docosahexaénoïque (DHA) ainsi déterminées dans les membranes des globules rouges. L’indice oméga 3 s’exprime en pourcentage.
Le dosage, réalisé par chromatographie en phase gazeuse, peut être pratiqué même chez des patients dyslipidémiques dans les laboratoires d’analyses médicales qui réalisent ce type de bilans nutritionnels, non remboursés par la Sécurité sociale (autour de 90 euros).
Le risque de mort subite est inversement corrélé à l’indice oméga 3.
Indice oméga 3 : reflet des habitudes alimentaires
Plusieurs études ont montré qu’il existe une corrélation remarquable entre la consommation de poissons gras et/ou l’apport d’EPA et DHA, et l’indice oméga 3 : plus on consomme de produits riches en oméga 3 à chaîne longue plus l’indice oméga 3 est élevé.
Par ailleurs, l’indice oméga 3 est corrélé à un indice d’alimentation-santé développé à partir d’une étude sur une population française. Les sujets ayant un indice oméga 3 élevé sont ceux qui ont une alimentation proche du régime méditerranéen, aux vertus bien établies en termes de santé.
Ainsi, l’indice oméga 3 reflète, de manière objective, la consommation actuelle en poissons gras du patient et permet, en cas de déficit, de le guider et de le suivre pour l’aider à atteindre les valeurs optimales en termes de prévention des maladies CV.
Indice oméga 3 et risque de mortalité CV
Plusieurs études de grande envergure, sur des populations variées, ont montré que la mortalité coronarienne, qu’elle soit liée à un infarctus fatal ou à une mort subite, est plus fréquente chez les sujets ayant un indice oméga 3 faible, notamment inférieur à 4 %.
À l’inverse, les sujets présentant un indice oméga 3 supérieur à 8,5 % ont un risque d’ischémie fatale réduit de 70 % et de mort subite réduit de 90 % (figure).
Les mécanismes d’action des oméga 3
L’effet protecteur des oméga 3 au niveau CV est médié par différentes propriétés de ces acides gras : réduction de l’agrégation plaquettaire, amélioration de la fonction endothéliale, propriétés anti-inflammatoires, effets hypotriglycéridémiant et antiarythmique.
Les effets bénéfiques des oméga 3 sont néanmoins plus probablement liés à un effet anti-arythmique qu’antiathérothrombotique.
En effet :
• les études d’intervention montrent bien une réduction plus importante du risque de décès que d’événements cardiaques ;
• la rapidité avec laquelle les effets bénéfiques d’une complémentation en oméga 3 s’expriment est peu compatible avec une action uniquement médiée par leur incorporation au niveau cellulaire.
Les oméga 3 sont capables de stabiliser, d’un point de vue électrique, les cardiomyocytes en modulant la conductance des canaux ioniques Na et Ca. Ils élèvent le seuil électrique de dépolarisation de 50 % et allongent la durée de la période réfractaire, ce qui se traduit par une moindre hyperexcitabilité des canaux sodium voltage-dépendants et un moindre risque de fibrillation ventriculaire, événement initiateur de l’infarctus.
Par ailleurs, plusieurs études ont montré la capacité des oméga 3 à influencer favorablement la variabilité de la fréquence cardiaque, paramètre qui sert également d’indicateur du bon fonctionnement cardiaque.
L’indice omega 3 en pratique
Apporte deux informations pertinentes :
- il permet de connaître certaines des habitudes alimentaires du patient et d’apprécier, par la suite, son implication dans une démarche active de prévention ;
- il permet de mesurer et de suivre l’évolution du risque cardiovasculaire global du patient.
Est à la fois :
- un outil prévisionnel de risque cardiovasculaire,
- un repère objectif afin d’optimiser la protection vis-à-vis de la survenue d’accidents cardiaques, notamment les morts subites.
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