Thérapeutique
Publié le 09 mai 2006Lecture 4 min
Le perindopril chez les coronariens
ACC
Deux posters ont marqué la session des thérapeutiques médicales le mardi 14 mars. L’étude EUROPA (EUropean trial on Reduction Of cardiac events with Perindopril in stable coronary Artery disease) avait permis de démontrer que le perindopril, à la posologie de 8 mg en une seule prise quotidienne, diminuait de façon significative le risque d’événements cardiovasculaires majeurs (mortalité cardiovasculaire, infarctus du myocarde et mort subite ressuscitée) de 20 % chez des patients ayant une cardiopathie ischémique stable sans signes apparents d’insuffisance cardiaque.
Effets du perindopril sur les événements cardiaques chez les coronariens revascularisés
Un premier travail signé par M.-L. Simoons (Thorax Center, Rotterdam) s’est intéressé à un sous-groupe de patients de l’étude EUROPA ayant subi une revascularisation et a indentifié un sous-groupe de 3 047 patients (24,9 %) sans antécédent d’infarctus du myocarde.
Résultats
Ce sous-groupe incluant 6 709 patients (54,9 % des 12 218 patients d’EUROPA) présentait donc des antécédents de revascularisation : approximativement, la moitié des patients avaient subi un pontage, l’autre moitié une angioplastie. Les patients de ce sous-groupe ont été répartis comme suit : 3 340 ont été traités par 8 mg de perindopril et 3 369 par placebo. Les caractéristiques des patients étaient similaires dans les deux groupes : l’âge moyen était de 60 ans et 85 % des patients étaient des hommes.
Dans le groupe actif (traité par 8 mg de perindopril) l’incidence du critère composite était de 6,6 versus 8 % dans le groupe placebo, soit une réduction relative du risque de 17,3 % (p = 0,036). L’incidence de l’infarctus du myocarde était de 4,6 % dans le groupe perindopril versus 5,9 % dans le groupe placebo, soit une réduction relative du risque de 23 % (p = 0,015).
Chez les 3 047 patients revascularisés sans antécédent de nécrose, l’incidence de l’infarctus était de 3,8 % dans le groupe perindopril versus 5,5 % dans le groupe placebo, soit une réduction relative du risque de 31,7 % (p = 0,026).
En conclusion
Le perindopril, à la dose de 8 mg/j est bénéfique dans la prévention des événements cardiaques sévères chez les patients ayant une cardiopathie ischémique stable, y compris chez ceux ayant des antécédents de revascularisation et ceux sans antécédents d’infarctus.
Effet bénéfique du perindopril chez les coronariens avec une FEVG conservée
Ce travail de M. Bertrand et W.-J. Remme s’est intéressé à la fonction ventriculaire gauche des patients de l’étude EUROPA puisque le bénéfice apporté par 8 mg de perindopril était constaté chez des patients sans insuffisance cardiaque clinique.
Ce travail rétrospectif a identifié chez les 12 218 patients de la population d’EUROPA, 7 096 patients (58 %) chez lesquels une évaluation de la FEVG avait été réalisée avant la randomisation. Ceci a permis de séparer deux types de population : 6 878 patients (97 %) avec une FEVG > 0,40 (50 % sous perindopril et 50 % sous placebo) et 218 patients (3 %) avec une FEVG < 0,40.
Résultats
Le perindopril permet d’obtenir une réduction relative du risque de 16 % du critère primaire : 8,3 versus 8,9 % dans le groupe placebo, soit une diminution du risque de 16 % (p = 0,033).
Des résultats comparables ont été obtenus sur la mortalité cardiovasculaire, dont le risque relatif diminue de 15 % (p = 0,008) et les infarctus non fatals : réduction du risque de 16 % (p = 0,036).
Fait essentiel : les bénéfices observés avec le perindopril sont comparables, qu’il s’agisse des patients ayant une FEVG > 40 % et des antécédents d’infarctus du myocarde, et chez ceux ayant une FEVG < 0,40.
Conclusion
Ce travail confirme que les patients inclus dans l’étude EUROPA n’avaient pas de dysfonction ventriculaire gauche asymptomatique et que ces résultats avec l’analyse disponible de la fonction VG, sont représentatifs de ceux observés dans l’ensemble de la population de patients inclus dans l’étude EUROPA, soulignant ainsi que le perindopril, à la posologie de 8 mg en une seule prise par jour, est bénéfique chez tous les patients ayant une cardiopathie ischémique stable.
Entretien avec W.-J. REMME (Rotterdam)
Cardiologie Pratique - Quel est le point fort de ce travail ?
W.-J. Remme - Il faut souligner le bénéfice apporté par le perindopril dans tous les sous-groupes de l’étude EUROPA, qu’il s’agisse de patients à bas ou haut risque, comme ceux inclus dans l’étude HOPE.
Dans l’étude PEACE, les résultats moins significatifs observés avec le trandolapril seraient expliqués par un traitement plus optimal des patients inclus : par exemple, 70 % d’entre eux recevaient des statines.
Dans EUROPA, si 58 % des patients à l’entrée étaient sous statines, 68 % recevaient ce traitement à la fin de l’essai. On peut donc dire que la population est comparable à celle de PEACE et que le bénéfice observé sous perindopril est lié aux propriétés propres de la molécule : meilleure affinité tissulaire, action sur la bradykinine locale.
En pratique : avec une seule prise par jour et une efficacité sur les 24 h, ce traitement facilite l’observance.
Que conclure pour la pratique clinique ?
Il faut insister sur l’intérêt de la cardioprotection associant statine + aspirine + IEC. Si les bêtabloquants ont démontré leur utilité dans les premières années suivant un infarctus du myocarde, on ne peut affirmer qu’ils sont nécessaires dans tous les cas à long terme.
Il faut insister sur le fait que les patients inclus dans EUROPA étaient des patients stables et que l’étude a été longue, avec un suivi prolongé de 8 ans.
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