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Coronaires

Publié le 03 mar 2009Lecture 5 min

SCA : quelle place pour la stimulation temporaire ?

V. ALGALARRONDO, Hôpital Antoine Béclère, Clamart

Si d’énormes progrès ont été réalisés dans la dernière décennie dans la prise en charge des syndromes coronariens aigus (SCA), la place de la stimulation temporaire semble avoir peu évolué. De fait, les recommandations actuellement en vigueur datent de 2004(1) et n’ont pas été modifiées par les différentes mises à jour. La survenue de bradycardies au décours d’un syndrome coronarien aigu est un événement relativement fréquent ; les bradycardies sinusales représentent 30 à 40 % des arythmies lors d’un infarctus. Elles sont particulièrement fréquentes lors des premières heures suivant la reperfusion d’une coronaire droite et correspondent à une hyperactivité parasympathique (réflexe de Bezold-Jarisch).

Introduction et types de blocs Dans les revues les plus « anciennes » (fin des années 1980), la survenue des blocs auriculo-ventriculaires est estimée à 6-14 % des cas et celle des troubles de conduction intracardiaque à 10-20 % des cas. Ils sont la résultante sur le tissu conductif des influences croisées du système nerveux autonome, des thérapies bradycardisantes et de l’ischémie ou de la nécrose des voies de conduction. La survenue de troubles conductifs dans l’infarctus est associée à une mortalité intrahospitalière et à long terme plus élevée. L’arrivée des stratégies de revascularisation précoce dans les SCA avec sus-décalage du segment ST a permis de diminuer l’incidence des troubles conductifs qui s’établit actuellement autour de 7 % (données cumulatives de GUSTO-I, GUSTO-IIb, GUSTO-III et ASSENT-III)(2). De même, on retrouve 18 % de troubles conductifs intracardiaques transitoires, dont seuls 5 % persistent. Ces troubles sont associés à une augmentation de la mortalité dans les 30 premiers jours suivant l’épisode. Le pronostic à long terme reste cependant principalement lié au degré d’extension de l’infarctus et d’insuffisance cardiaque ainsi qu’aux complications hémodynamiques. La localisation de l’infarctus détermine le type d’atteinte sur les voies de conduction ainsi que la prise en charge thérapeutique. Classiquement, les blocs auriculoventriculaires associés aux infarctus inférieurs sont situés au-dessus du faisceau de His alors que ceux associés aux infarctus antérieurs sont généralement infra-nodaux. De fait, les BAV associés aux infarctus inférieurs présentent le plus souvent un échappement fin et relativement rapide ; ils n’occasionnent pas de défaillance hémodynamique (sauf en cas d’infarctus étendu au ventricule droit) et ne sont pas associés à un mauvais pronostic. À l’inverse, les BAV compliquant les infarctus antérieurs présentent des rythmes d’échappement larges et lents (< 40 bpm). Les caractéristiques de ces deux types de troubles conductifs sont résumées dans le tableau 1. En fonction des différents types électrocardiographiques de blocs et de leur tolérance, la mise en place d’une stimulation temporaire sera envisagée. La stimulation La première simulation cardiaque transcutanée fut effectuée par Paul Zoll en 1952(3) et la première stimulation endocavitaire unipolaire en 1958 chez l’homme par Furman et Robinson(4). Elle devint bipolaire en 1962 grâce aux travaux de Parsonnet et ses coll.(5). La stimulation cardiaque temporaire peut être maintenant transcutanée, endocardique, épicardique ou transœsophagienne. Toutes les approches sont basées sur l’application de courant généré par un boîtier externe via une ou des électrodes qui peuvent être retirées après une courte période, quand la situation ayant requis la stimulation s’est résolue spontanément ou sous traitement. Exceptionnellement, la stimulation cardiaque temporaire est relayée par une stimulation cardiaque définitive. La stimulation cardiaque endocavitaire est la plus couramment utilisée ; elle est mise en place après un abord veineux jugulaire, brachial ou fémoral. La sonde d’entraînement est positionnée sous contrôle radioscopique le plus souvent à l’apex du ventricule droit (figure 1). Il existe des dispositifs avec un dipôle d’écoute atrial permettant de synchroniser oreillettes et ventricules pendant la stimulation(6). Si une stimulation atriale est nécessaire, on pourra envisager de positionner la sonde dans le sinus coronaire ou d’utiliser une sonde temporaire à vis que l’on positionnera plutôt dans l’auricule droit. Chaque position doit être validée sur le plan électrique avec détermination des seuils de stimulation et d’écoute. Figure 1. Sonde d’entraînement électro- systolique placée à la pointe du ventricule droit (flèche). Indications La stimulation cardiaque temporaire doit être envisagée pour tout patient atteint d’une bradycardie permanente ou paroxystique compromettant l’état hémodynamique. Dans le cas des syndromes coronariens aigus avec sus-décalage du segment ST, l’ACC/AHA détaille les indications de stimulation temporaire en fonction de la présentation électrocardiographique qui est utilisée pour estimer le risque de bloc subit sans échappement ventriculaire efficace(1). Il convient d’interpréter ces algorithmes, établis avant l’ère de la revascularisation précoce. Tous les auteurs insistent sur le fait que la procédure de revascularisation ne doit pas être retardée du fait de la mise en place d’une stimulation temporaire. Si un patient devient dépendant de la stimulation trans-cutanée, une stimulation endocavitaire devra être mise en place. Le tableau 2 résume les principales indications de stimulation trans-cutanée ou trans-veineuse dans la phase aiguë de l’infarctus. Plusieurs autres indications peuvent se discuter dans les syndromes coronariens aigus : • le cas des BAV complets : non traitée en tant que telle dans les recommandations, la survenue d’un BAV III impose le plus souvent la mise en place d’une stimulation endocavitaire. En cas de BAV III sur infarctus inférieur avec un échappement rapide et une bonne tolérance hémodynamique, une simple stimulation trans-cutanée sentinelle pourra être discutée ; • la dysfonction sinusale symptomatique ou les pauses sinusales supérieures à 3 secondes et répétitives quand elles ne répondent pas à l’atropine ; • l’infarctus du ventricule droit avec perte du synchronisme auriculo-ventriculaire : les infarctus inférieurs avec extension au VD sont fréquemment associés à des troubles conductifs. En cas de défaillance ventriculaire droite le rétablissement d’une séquence auriculo-ventriculaire peut être bénéfique, y compris lorsque la stimulation ventriculaire seule est insuffisante(7). On implantera alors un système permettant l’écoute atriale et sa stimulation (en cas de dysfonction sinusale associée). • Les épisodes de bradycardie au décours de l’angioplastie coronaire : survenant classiquement lors des angioplasties de la coronaire droite, ils sont rares et répondent le plus souvent à l’atropine. Certains auteurs ont décrit des systèmes de stimulation cardiaque trans-coronaires, actuellement non utilisés en pratique quotidienne(8). Plusieurs articles émanant de centres anglo-saxons, où la prise en charge des SCA est effectuée le plus souvent par des juniors au service des urgences, insistent sur la nécessité de ne pas retarder la revascularisation par la mise en place d’une stimulation temporaire. Dans le même ordre d’idée, même si la voie d’abord jugulaire droite est considérée comme la plus aisée pour ce type d’intervention, le choix du site de ponction dépendra essentiellement de l’expérience personnelle de l’opérateur. Enfin, les auteurs des différentes recommandations insistent sur le caractère transitoire (moins de 7 jours) de la très grande majorité des troubles conductifs lors des SCA. Ainsi, les indications de stimulation définitives seront évaluées à distance de l’épisode aigu (plus de 14 jours).   En pratique   Malgré les progrès dans la prise en charge de la maladie coronaire à sa phase aiguë, la mise en place en urgence d’une sonde d’entraînement électrosystolique lors d’un SCA reste un « classique » des gardes en soins intensifs cardiologiques. Depuis l’avènement de l’ère de la revascularisation précoce dans la prise en charge des SCA, l’incidence des troubles conductifs a diminué sans toutefois disparaître. Témoignant souvent d’une nécrose myocardique étendue, ils sont souvent associés à une défaillance hémodynamique et nécessitent une réaction rapide de la part de l’équipe soignante. L’aspect électrocardiographique et le type d’infarctus devront guider le praticien dans son choix thérapeutique (surveillance, traitement vagolytique, stimulation trans-cutanée sentinelle ou stimulation endocavitaire).

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