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Publié le 28 fév 2013Lecture 6 min

ApneaScan™, un outil de dépistage de l’apnée du sommeil

H. BADER, CH de Pau

Le syndrome d’apnée du sommeil (SAS) est l’une des comorbidités le plus fréquemment associée aux pathologies cardiovasculaires. Dans la population des insuffisants cardiaques sa prévalence est de l’ordre de 60 % avec des conséquences en termes de morbi-mortalité cardiovasculaire. En l’absence de symptômes spécifiques, le diagnostic est insuffisamment ou tardivement évoqué alors que les traitements sont efficaces. 
L’algorithme ApneaScan™ de la société Boston Scientific embarqué sur les prothèses de stimulation triple chambre ou défibrillateurs permet de détecter des événements respiratoires anormaux associés aux apnées et hypopnées durant le sommeil.  

Le syndrome d’apnée du sommeil  Il est caractérisé par l’interruption (apnée) ou la diminution de plus de 50 % (hypopnée) du flux inspiratoire durant plus de 10 secondes pendant le sommeil.  On distingue principalement deux formes de SAS :  • les apnées par obstruction des voies aériennes supérieures (SAOS) ;  • les apnées centrales par dysfonction de la commande respiratoire.  La présence d’apnées répétées, indépendamment de leur caractère symptomatique, expose les patients à des réveils nocturnes et à des épisodes répétés d’hypoxie, générateurs d’une élévation du tonus sympathique, de phénomènes d’ischémie-reperfusion tissulaire et de dysfonction endothéliale.    Schématisation du syndrome d’apnée obstructive.    Outre le retentissement sur la qualité de vie et les fonctions cognitives, il favorise l’hypertension artérielle (HTA), l’insulinorésistance, l’athérosclérose, la fibrillation atriale, et de manière indépendante, la survenue d’événements cardiovasculaires. Les insuffisants cardiaques souffrent principalement de la forme obstructive, aggravant le pronostic de leur pathologie cardiaque.  Les signes cliniques n’étant pas spécifiques au SAS, le diagnostic repose sur des examens complémentaires. La polysomnographie (PSG) est l’examen de référence en enregistrant des données physiologiques qui permettent de caractériser le trouble du sommeil (obstructif, central ou mixte). La polysomnographie consiste à enregistrer, au cours du sommeil plusieurs variables : rythme respiratoire, rythme cardiaque, électroencéphalogramme, électro-oculogramme et électromyogramme. Elle permet en outre de reconnaître la succession des différents stades de sommeil et donc une interprétation plus juste des événements respiratoires détectés.  Ces paramètres servent à qualifier et quantifier les événements respiratoires, à évaluer leur répercussion sur la saturation en oxygène (O2), les arythmies cardiaques, etc. Le caractère obstructif ou central est distingué par la présence ou non d’un travail musculaire pendant les apnées.  La sévérité du SAS est définie par l’index d’apnée hypopnée (IAH) qui correspond au nombre d’ apnées-hypopnées par heure de sommeil. L’IAH est utilisé pour classer le degré de gravité de la maladie (léger de 5 à 15, modéré de 15 à 30 et sévère si supérieur à 30). Ces pauses respiratoires ont une durée de plus de 10 secondes et sont associées à une désaturation en oxygène. Le traitement du SAS repose sur la ventilation nocturne en pression positive continue (CPAP ou Continuous Positive Airway Pressure) associée aux règles hygiénodiététiques (contrôle du poids, exercice physique, suppression de l’alcool et du tabac). Le SAS est réversible lorsque le traitement est correctement conduit.  Cas clinique  Un homme de 70 ans atteint d’une cardiomyopathie ischémique avec fraction d’éjection ventriculaire gauche altérée à 30 % a été implanté d’un défibrillateur cardiaque simple chambre Incepta™ (Boston Scientific) en prévention primaire en janvier 2012. Il est asymptomatique, stade I de la NYHA. La sonde de défibrillation implantée est une monocoil Endotak Reliance™ de connexion DF4 (Boston Scientific).  Lors de la consultation systématique du 6e mois, nous observons les courbes de tendances suivantes :      La courbe ApneaScan™met en évidence un IAH mesuré par le dispositif de 45 événements/heure en moyenne. Ce patient est suspect d’apnées/hypopnées durant son sommeil. Un avis pneumologique et une polysomnographie nocturne sont organisés avec les résultats suivants.   Le patient est équipé d’un masque à pression positive continue (PPC). Cet appareil empêche la fermeture des voies respiratoires supérieures grâce à une pression ventilatoire déterminée individuellement.  Le patient revient en consultation en janvier 2013, ce qui permet d’observer les nouvelles courbes de tendances.    Schématisation du traitement par PPC. Représentation des tendances ApneaScan™ lors de la consultation à 6 mois postimplantation.    La nette amélioration en termes d’événements d’apnées/hypopnées en novembre est suivie d’une dégradation en décembre, qui correspond à une mauvaise compliance du patient, gêné par une sécheresse buccale induite par le masque de ventilation nocturne. Un humidificateur permet par la suite de corriger ce problème.  À ce jour, l’IAH résiduel est descendu à une valeur à 4,1/h contre 63/h initialement, une valeur d’IAH résiduel < 5/h étant considérée comme normale. L’épouse du patient a également rapporté une nette diminution des ronflements, confirmant l’efficacité du traitement.  La fonction ApneaScan™ nous a donc permis de suspecter un syndrome d’apnée du sommeil confirmé par polysomnographie et au cours du suivi d’apporter des informations sur le fonctionnement du traitement par pression positive continue nocturne.  Comment fonctionne ApneaScan™  L’algorithme ApneaScan™est intégré aux défibrillateurs Incepta™ et stimulateurs triple chambre Invive™ Boston Scientific. C’est un outil de dépistage simple et rapide d’identification des événements d’apnées/hypopnées.  Le dispositif calcule la variation de l’impédance transthoracique et la fréquence respiratoire. Pour cela, un courant de 80 μA est envoyé entre le boîtier et le coil distal de la sonde de défibrillation VD, et la mesure est faite entre le boîtier et l’extrémité de la sonde de défibrillation. Par les variations d’impédance transthoracique, le dispositif identifie les événements d’apnées lorsqu’il y a absence de respiration pendant au moins 10 secondes et d’hypopnées lorsque l’amplitude respiratoire est réduite de plus de 26 % pendant au moins 10 secondes.  À partir des données recueillies, le dispositif calcule automatiquement un IAH moyen (nombre d’événements/heure) durant la période d’enregistrement programmée ; il affiche ensuite cette mesure dans la courbe des tendances ApneaScan™. Comment et quand utiliser ApneaScan™ ? Après l’implantation d’un dispositif Incepta™ (DAI ou CRTD) ou Invive™ (CRTP), l’activation d’ApneaScan™ est accessible à la programmation comme suit :  La plage horaire des enregistrements durant le sommeil du patient est programmable avec un minimum requis de 4 heures. Il suffit pour cela de régler le dispositif, dans les « données générales du patient », en indiquant l’heure du coucher et la durée du sommeil. Cet algorithme permet de vérifier rapidement si le patient a un nombre d’événements nocturnes évoquant un SAS. Le dépistage devra ensuite être confirmé par polysomnographie. ApneaScan™ pourra évaluer l’efficacité du traitement (impact de la resynchronisation, ventilation nocturne, etc.).  ApneaScan™ : activation sur le programmateur Zoom Latitude  Ecran du programmateur lors de l’activation de l’algorithme ApneaScan™.     Ecran du programmateur lors de la sélection de l’affichage des tendances ApneaScan™.     Visualisation de la courbe de tendance ApneaScan™.    Conclusion Les prothèses de défibrillation et de stimulation sont équipées de fonctions diagnostiques de plus en plus riches permettant pour certaines une meilleure prise en charge des patients sans représenter de charge de travail supplémentaire pour le cardiologue.  C’est le cas de la fonction ApneaScan™ qui semble fiable pour le dépistage des SAS, avec une place à évaluer également dans le suivi de cette pathologie en concertation avec les pneumologues.

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