Publié le 30 oct 2023Lecture 2 min
Toute ressemblance...
Jimmy DAVAINE, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris
Les récents scandales de harcèlements moral ou sexuel dans le milieu académique ont fréquemment impliqué des hauts responsables institutionnels dont le comportement était connu depuis des années. Beaucoup attribuent ce type de comportement à une dissociation entre qualités scientifiques et comportement personnel. Autrement dit, il est impossible mais c’est un grand scientifique.
En réalité, les experts de la question avancent une explication différente. Le comportement agressif et de harcèlement est un moyen pour des scientifiques médiocres de se hisser toujours plus haut. L’abus de pouvoir, la persécution et la dévaluation du mérite des autres est un moyen de saboter la carrière des personnes qui sont des cibles pour les harceleurs, car identifiées comme menaçantes. De nombreux travaux expérimentaux récents suggèrent que harceler permet de déplacer la compétition d’un terrain scientifique ou professionnel vers un terrain comportemental où le harceleur se sent tout autorisé. Ainsi, l'exemple de cette chercheuse hollandaise qui était relativement bien traitée jusqu’à ce qu’elle obtienne un financement de plusieurs millions. Elle est alors devenue l’objet d’un harcèlement en règle allant jusqu’à l’agression physique. Le harcèlement permet à ceux qui en usent d’obtenir leur poste.
La question est quelles sont les structures qui encouragent ces comportements ?
Bien que les processus de sélection soient nombreux et rigoureux dans l’environnement académique, les critères d’évaluation sont souvent obscures. Les personnes prédatrices sont, d’après les travaux disponibles dans le domaine, le plus souvent des hommes qui occupent une position élevée dans la hiérarchie. Ils ont la latitude d’utiliser et de faire varier les critères de sélection afin de justifier le dénigrement de leur(s) cible(s) et de les priver de promotion ou de nomination. Par ailleurs, ils vont s’entourer d’alliés et constituer un réseau et promouvoir un élève choisi en dépit de compétences exceptionnelles. Certaines études rapportent que l’ambiance hypercompétitive de l’environnement académique offre un bénéfice de survie aux individus dont les traits de personnalité comportent audace, domination, désinhibition et méchanceté. Le corollaire est la mise en avant de ses propres succès et le dénigrement, voire la diffamation des performances de ses collègues. Si on admet les conclusions de ces études, il est important de procéder à un changement de paradigme au sein de l’environnement académique et de favoriser l’émergence de leaders académiques qui soient des gens sensibles, ayant le sens du collectif et favorisant l’esprit de communauté.
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