Publié le 06 déc 2024Lecture 4 min
Exploring grandiose narcissism among surgeons: a comparative analysis nature
Jimmy DAVAINE, Hôpital européen Georges Pompidou, Paris
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Contexte.
Petit cadeau avant les fêtes de Noël. Un peu de nourriture spirituelle qui viendra alléger, espérons-le, celle terrestre abondamment présente en cette saison. Il est établi que le narcissisme est plus présent en chirurgie que dans les autres disciplines. Cependant, il y a très peu de recherches sur sa prévalence et son impact exact chez les chirurgiens, en particulier pour ce qui concerne la différence entre les sexes. Ce trait de particularité se manifeste de manière variable. Il existe un continuum en termes d’intensité au sein des différents types de personnalité avec une expression de degré variable. Le narcissisme se caractérise par une autosatisfaction excessive, le besoin d’être admiré et présente une composante génétique dans environ 50 % des cas. Outres des prédispositions génétiques, des facteurs environnementaux comme l’éducation ou l’environnement social interagissent pour finalement déterminer l’expression du narcissisme. Le DSM-5 définit neuf critères diagnostiques pour le narcissisme pathologique incluant le goût pour la grandeur, le fantasme du succès, le manque d’empathie et l’arrogance. Il semble exister deux sous-types : le vulnérablesensible et le grandiose-exhibitionniste qui sont caractérisés par l’introversion et l’extraversion, respectivement. Une étude plus ancienne a analysé le narcissisme et l’a divisé en deux catégories : le narcissisme subclinique (l’objet de cette étude) et celui pathologique. Le narcissistic admiration and rivalry concept (NARC) prend en compte le narcissism-admiration (NA) (la dimension d’admiration inclut la poursuite d’être unique, le fantasme d’être grandiose, le charme) et le narcissism-rivalry (NR) (inclut la dévaluation des autres, la poursuite d’un état de supériorité et l’agressivité). Des comportements égocentriques et disruptifs sont plus fréquents en chirurgie et posent un problème de culture en général et de sécurité du patient, dans la mesure où ils peuvent générer des distractions par rapport aux soins et augmenter les erreurs médicales à travers des problèmes de coopération avec les autres intervenants au bloc opératoire. À l’inverse, il est établi que l’efficacité interpersonnelle et les qualités non techniques chirurgicales comme le travail en équipe, la communication, la coopération sont susceptibles d’améliorer la performance chirurgicale d’un individu et de l’ensemble de l’équipe. Ces comportements disruptifs sont principalement attribués aux hommes, ces derniers ayant des niveaux plus élevés de narcissisme dans la population générale. L’objet de ce travail est de s’intéresser aux différences entre groupes (sexe, âge, spécialités) du point de vue des aspects dysfonctionnels et du narcissisme chez les chirurgiens. L’objectif est d’envisager de possibles programmes personnalisés afin d’améliorer les choses.
Méthode.
Étude allemande basée sur l’envoie d’environ 11 400 mails contenant le lien vers un questionnaire et diffusé à travers des sociétés chirurgicales et des registres d’hôpitaux. Un total de 1 427 participants ont répondu à des questionnaires socio-démographiques et au NA et NR.
Résultats.
Dans cette étude, 408 participantes ont rapporté un score NA allant de 9 à 52 (moyenne : 23 ; SD : 7,61), les 982 participants obtenaient un score entre 9 et 54 (moyenne : 24 ; SD : 7,75). Le NR pour les femmes était entre 9 et 46 (moyenne : 15,2 ; SD : 5,35) pour les hommes entre 9 et 54 (moyenne : 16 ; SD : 5,79). La comparaison par test de Mann-Whitney montrait une valeur de NR inférieure significativement pour les femmes par rapport aux hommes et il n’y avait pas de différence en termes de NA entre hommes et femmes. Avec un petit p < 0,002, les chirurgiens généraux avaient un score NA inférieur à ceux des chirurgiens cardiaques et les résultats des tests NR montraient des scores pour les chirurgiens cardiaques significativement supérieurs (p = 0,010) par rapport aux chirurgiens généraux. Il n’y avait pas de différence entre les autres spécialités. Il était noté une influence de l’âge à prendre avec précaution, étant donné le risque de facteurs confondants mais les scores diminuaient avec l’augmentation de l’âge.
Discussion.
La proportion de femmes parmi les étudiants en médecine a augmenté de manière importante, jusqu’à 60 % des effectifs. Cependant, peu optent pour une carrière chirurgicale ou des postes avec fonctions de leadership. Il est possible que la raison tienne au fait que ces types de cursus soient associés à des traits typiquement masculins en rapport avec le narcissisme et que les femmes ont plutôt tendance à s’en détourner. Certaines études ont démontré que les chirurgiens femmes obtenaient de meilleurs résultats en comparaison aux hommes. Il est donc important d’améliorer l’appétence et l’accueil des femmes pour ce type de profession. La présente étude confirme des résultats similaires obtenus par d’autres études antérieures, notamment concernant les différences entre spécialités. Une des causes peut-être un biais de recrutement, c’est toujours la question de qui de l’œuf ou de la poule… L’étude discute l’aspect ambivalent du narcissisme avec une face obscure et une plus positive. D’un côté, le narcissisme permet d’améliorer la capacité d’investissement et de décision, qualités utiles pour diriger. D’un autre, ces mêmes traits de personnalité aboutissent à de moins bonnes performances en équipe et à une diminution du succès global du collectif et à plus de conflits potentiels entre les personnes. En conclusion. Il faut savoir garder et éviter les débats trop passionnés. Spécialité, sexe, âge… Ne dit-on pas que le temps ne fait rien à l’affaire… ? Cette étude montre cependant qu’il faut admettre un véritable problème constitutif à certaines filières, en particulier en chirurgie ; que ce problème est lié au genre et que le reconnaître est la première étape pour mettre en place la suite.
• Scientific Reports 2024 ; 14(11665).
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